Pour L’ASL, l’objectif est également de donner la parole aux personnels tout en faisant un comparatif avec les résultats de son baromètre annuel du climat scolaire qui se basent sur les dossiers d’accompagnement des adhérents de l’association. Les résultats présentés concernent le second degré (collège et lycée). Une nouvelle enquête à destination du premier degré sera lancée dans les prochaines semaines.

Un climat qui se dégrade

Une défiance réelle au sein de l’école, c’est l’un des premiers constats de cette nouvelle enquête auprès de l’ensemble des personnels du second degré. En effet, bien que la relation aux élèves ne se soit pas détériorée et reste à un niveau positif, 80,1 % des répondants en 2022 pensent que la relation entre enseignants et élèves est bonne ou plutôt bonne (contre 78,2 % en 2013), le climat scolaire est perçu comme s’étant fortement dégradé entre 2013 et 2022, passant de 37,8 % d’insatisfaits à 50,7 %. Ce sont les répondants exerçant en lycées professionnels qui sont les plus insatisfaits (56 % contre 41 % en LEGT et 54 % en collège).

Pourtant, le sentiment qu’il existe de la violence dans l’établissement n’a pas évolué, restant très présent pour un peu moins d’un tiers des personnels, et cela bien que les violences physiques soient toujours extrêmement rares.

Ces faits se confirment d’ailleurs dans le baromètre de L’ASL 2021 dans lequel les agressions physiques ne représentent que 7,5 % des dossiers. Ainsi, les enseignants ne sont pas attaqués violemment tous les jours, mais l’école est devenue un lieu où les problèmes journaliers sont extrêmement présents et pesants.

L’école de la défiance

Une véritable école de la défiance, c’est ce que révèle, de manière significative, dans cette nouvelle enquête, avec un véritable effondrement de la qualité des relations entre adultes, en lien avec une remise en cause très forte des hiérarchies, autant proches que lointaines.

Cette remise en cause transparaît avant tout envers la hiérarchie hors établissement avec un sentiment exprimé par 78 % des répondants de ne pas se sentir respecté par la hiérarchie hors établissement. Mais cette relation dégradée semble également se manifester à l’égard des directions d’établissement et au sein des équipes pédagogiques. Près de la moitié des personnels interrogés (48 %) qui perçoivent une mauvaise qualité de la relation enseignants/direction, en augmentation de 14 % par rapport à l’enquête précédente.

L’augmentation des conflits au sein des équipes pédagogiques est également un point avéré dans l’enquête, avec une baisse de la solidarité entre adultes : l’équipe est jugée peu ou pas solidaire par 40,5 % des répondants en 2022 contre 33,6 % en 2013. Ainsi, les victimations entre les personnels sont en hausse et la question du harcèlement moral est devenue centrale. On passe en effet de 10,8 % à 19,9 % de répondants s’estimant harcelés. Près d’un sur 5 estime avoir été harcelé en 2022 contre un peu plus d’un sur 10 en 2013. Sur ces deux derniers points, L’ASL fait le même constat dans son dernier baromètre, indiquant une augmentation flagrante de la catégorie « conflits » depuis 2 ans sur les dossiers de conseil qui passaient de 7 % à 17 %, et un nombre de dossiers catégorisés comme « harcèlements » par les adhérents représentant plus de 8 % des traitements.

Malaise et dépit de la profession grandissants

Sur l’ensemble des résultats de l’enquête, on observe un immense malaise dans l’organisation scolaire. Le scepticisme et la souffrance au travail en ont été multipliés autant pour ces cadres que pour la base dégageant un fort sentiment de déclassement et de maltraitance politico-institutionnelle. Ainsi, on passe de 31 % de personnes déclarant n’être pas satisfaites de leur métier à 55 % entre nos deux enquêtes. 24 % de plus : c’est un effondrement.

Il en va de même des réponses à la question : « Songez-vous souvent à quitter votre métier ? ». 30 % des répondants en 2013 y songeaient très souvent ou plutôt souvent ; ils sont 51,3 % dans ce cas en 2022 à l’exprimer. 21 % de plus…

Les propositions de L’ASL

  • Une prise de position ferme de la justice pour la prise en compte systématique des plaintes concernant les insultes/menaces et la diffamation pour les personnels d’éducation
  • Une automaticité de la protection fonctionnelle pour tout personnel qui la demanderait, « quoi qu’il en coûte »
  • Réflexion autour du fléchage des lignes budgétaires de l’Éducation nationale et sur les priorités pour améliorer le climat scolaire et le bien-être des personnels (gestion des personnels)
  • La prise en compte de la voix des partenaires de l’école et le dialogue systématique sur les problématiques de protection des personnels.

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