Biographie

Jean Jaurès est né le 3 septembre 1859 à Castres (Tarn). Issu d’une famille modeste, il se distingue dès l’âge de neuf ans par son éloquence. C’est un élève brillant. Normalien puis agrégé de philosophie, il enseigne à Albi puis à Toulouse. Jean Jaurès soutient Jules Ferry mais admire plus encore Léon Gambetta. Élu parlementaire, Jaurès propose des réformes sociales ambitieuses et mène de grandes batailles socialistes, notamment les lois concernant l’enseignement laïc et les lois ouvrières. Il écrit dans le journal La Dépêche le 8 juin 1892 la tribune « L’instruction morale à l’école » où il prône et définit la morale laïque.

Il prononce des discours sur de nombreux thèmes : le droit des communes en matière d’enseignement primaire, les accidents du travail, le scrutin, l’interdiction des candidatures multiples, la liberté syndicale, les libertés du personnel enseignant, la suppression de la peine de mort, le socialisme et l’affaire Dreyfus. Il fait aussi un discours très remarqué au Pré Saint-Gervais devant 150 000 personnes contre la loi des 3 ans (augmentation de la durée du service militaire).

La grève des mineurs de Carmaux

En 1892 lors de la grève des mineurs de Carmaux, Jean Jaurès défend l’un des ouvriers mineurs, Jean-Baptiste Calvignac, leader syndical et socialiste licencié du fait de ses absences liées à son mandat municipal. Pour les mineurs, ce licenciement est considéré comme une atteinte au suffrage universel. Les ouvriers se mettent en grève et les autorités républicaines doivent envoyer 1 500 soldats.

Durant cette grève, Jean Jaurès prend conscience de l’existence de la lutte des classes. Il se lance dans la défense des mineurs de Carmaux. Sous la pression de la grève et de Jean Jaurès, le gouvernement arbitre le différend au profit de Jean-Baptiste Calvignac. Suite à cette affaire, Jean Jaurès participe à la fondation d’une première entreprise coopérative.

L’affaire Dreyfus

D’abord convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus, Jean Jaurès change d’opinion à la parution du « J’accuse » d’Emile Zola et s’engage alors avec passion dans la défense du militaire. Cette affaire fait de lui un homme politique à l’influence nationale. Il publie « Les preuves relatives à l’affaire Dreyfus » dans le journal socialiste républicain « La petite République ».

Le porte-parole du groupe socialiste

Grâce à son talent d’orateur, le député de Carmaux devient en 1902 le porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Jaurès et son parti s’engagent en faveur du Bloc des gauches et du gouvernement d’Émile Combes. Jaurès participe à la rédaction de la loi de séparation des Églises et de l’État ; cependant les socialistes sont déçus par la lenteur des réformes sociales. En 1904 il fonde le journal « L’Humanité » qu’il dirige jusqu’à sa mort.

Jean Jaurès le pacifiste

Jean Jaurès lutte contre la guerre les dix dernières années de sa vie. Il voyage à travers la France pour plaider en faveur de la paix. Il est inquiet de la montée des nationalismes et des rivalités entre les grandes puissances qui se sont accrues pendant les guerres balkaniques en 1912 et 1913. En 1910, le socialiste rédige une proposition de loi consacrée à « l’armée nouvelle » dans laquelle il préconise une organisation de la Défense nationale fondée sur la préparation militaire de l’ensemble de la Nation. Il tente d’infléchir la politique gouvernementale dans un sens favorable à la paix, déclenchant de vives critiques des nationalistes. Jean Jaurès est assassiné à l’âge de 55 ans par le militant nationaliste Raoul Villain, qui fut acquitté par la suite. La grève générale qui menaçait n’est pas déclarée. Trois jours après, l’Europe est en guerre. Jean Jaurès est considéré comme la première victime de la première guerre mondiale.

Son assassinat le 31 juillet 1914 à Paris a toutefois facilité le ralliement des gauches, dépassant les réticences des socialistes qui hésitaient à l’Union sacrée.

En 1924 ses cendres sont transférées au Panthéon.

Sources

Alain Boscus ; www.assemblee-nationale.fr

 

Citations

 « Je porte en mon cœur un rêve de fraternité et de justice, et je veux travailler jusqu’au bout à le réaliser ». « La République, c’est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir sa part de la souveraineté ». « L’enseignement public ne doit faire appel qu’à la raison ». « L’école ne continue pas la vie de famille, elle inaugure et prépare la vie des sociétés ».

Jules Renard au sujet de sa voix : « Une voix qui va jusqu’aux dernières oreilles, agréable, claire, très étendue, un peu aigüe, une voix non de tonnerre, mais de feux de salve ».