Enseigner et éduquer

Dès les années 50, les initiateurs de l’enseignement professionnel avaient pour ambition de « former l’homme, le travailleur et le citoyen ». Il revient alors aux professeurs des lycées professionnels (PLP) d’éduquer et de former des élèves souvent « difficiles et surprenants », selon la formule du sociologue Aziz Jellab (Sociologie de l’enseignement, Presses universitaires du Mirail, 2008). Pour Aziz Jellab, « le lycée professionnel ne peut plus être identifié à sa seule mission de formation professionnelle », il comporte également une vocation « socialisatrice » et « réparatrice » d’un public avec l’école et les savoirs.

Des filières plus exposées aux risques d’accidents

Comme le souligne Olivier Vandard, responsable du bureau des lycées professionnels et de l’apprentissage, à la DGESCO du Ministère de l’Education nationale, « à la différence de l’enseignement général, la formation professionnelle part de cas pratiques, de savoir-faire, de compétences » (lire l’intégralité de l’interview). L’enseignement professionnel comporte donc des risques spécifiques pour les élèves et les enseignants. Certaines disciplines, notamment par la manipulation d’outils, de machines ou de produits chimiques, sont plus exposées que d’autres.

Le décret n°91-1194 du 27 novembre 1991 encadre les commissions d’hygiène et de sécurité dans les lycées techniques ou professionnels. Cette commission formule « toutes propositions utiles en vue de promouvoir la formation à la sécurité et de contribuer à l’amélioration des conditions d’hygiène et de sécurité dans l’établissement, et notamment dans les ateliers ». Dominique, professeur d’ébénisterie et adhérent à l’Autonome de Solidarité Laïque depuis 1983, explique les bonnes pratiques pour prévenir les accidents : « donner des cours sur la prévention, inciter les élèves à se protéger et mettre des rappels des gestes de sécurité sur chaque appareil » (voir la vidéo).

 

Un climat scolaire moins favorable

Selon Vincent Troger, maître de conférences à l’IUFM de l’université de Nantes, « en lycée professionnel, l’intérêt des élèves conditionne le climat scolaire et l’exercice du métier ». Ainsi, « lorsque les élèves ont intégré une filière qu’ils ont choisie et qui leur plait, ils sont satisfaits et cela influe positivement sur le climat scolaire ». Les filières peu demandées avec des conditions de travail plus difficiles, comme la chaudronnerie, le bâtiment, la métallerie ou encore l’usinage, concentreraient selon Vincent Troger « les élèves les plus mécontents » (lire l’intégralité de l’interview).

Exposition à la violence et climat scolaire
Le niveau d’exposition à la violence est plus important dans la formation professionnelle. Chaque année, l’enquête Sivis du Ministère de l’Education nationale mesure les faits de violence et d’insécurité en milieu scolaire. En 2011-2012, l’enquête constatait 19,6 incidents graves (violence, vol, etc.) pour 1 000 élèves de lycées professionnels, contre 5,5 pour 1 000 élèves de lycée d’enseignement général et technologique (consulter l’intégralité des résultats). Ces faits de violence ont un impact sur le climat scolaire. Selon l’enquête de victimation des personnels du 2nd degré publiée en janvier 2013, près de 38 % des personnels de lycée professionnel ont une vision négative du climat scolaire dans leur établissement, contre 29,9 % des personnels de lycées d’enseignement général et technologique.

 

Le suivi et l’encadrement des élèves

Autre spécificité de la formation professionnelle, les enseignants ont en charge la préparation et l’organisation des périodes de formation en entreprise, mais aussi l’encadrement pédagogique des élèves durant ces périodes et leur évaluation. Les enseignants assurent ainsi le suivi des élèves hors de l’établissement scolaire, nécessitant des échanges avec l’élève et son tuteur dans l’entreprise, des déplacements pour les visites etc.