Épanouissement individuel & climat scolaire

La « qualité du vivre et travailler ensemble en milieu scolaire » est un enjeu essentiel en termes éducatif et de santé, aussi bien pour les personnels de l’éducation que pour les élèves afin que chacun puisse s’y réaliser pleinement. C’est dans le cadre de l’amélioration de cette qualité de vie au sein des établissements que la loi pour la refondation de l’école de la République a posé, en 2013, l’objectif de tendre partout à une amélioration du climat scolaire.

Car, lorsque ce climat scolaire se dégrade, c’est à la fois le bien-être, la motivation, la santé et la performance des enseignants qui en pâtit, avec, à la clé, de vrais risques psychosociaux. C’est d’ailleurs pour rendre compte de cette réalité de terrain que L’ASL publie chaque année son propre baromètre du climat scolaire, détaillant les situations rencontrées et traitées dans les établissements.

Deux réalités multifactorielles qui s’influencent

Dans ce contexte, les deux autrices choisissent dans leur étude1 de se concentrer sur cette notion de climat scolaire et sur la façon dont sa perception impacte la satisfaction professionnelle des enseignant·es et des personnels de l’éducation.

La satisfaction professionnelle des enseignant·es peut se scinder en deux composantes principales que sont d’une part, l’accomplissement personnel (sentiment en lien avec l’atteinte des objectifs que l’on s’est fixés) et, d’autre part, la réalisation de soi et le développement professionnel, c’est-à-dire une réalité liée à l’opportunité d’apprendre et de se former, à la reconnaissance institutionnelle et sociale, et aux perspectives d’évolution.

Le climat scolaire joue un rôle important sur ces facteurs et c’est en ce sens que L’ASL l’observe et l’analyse depuis plus de dix ans. Ce travail permet, en effet, de faire ressortir à travers une réalité tangible, tant les nouveaux défis de l’École que les inquiétudes des personnels et les tensions entre les différents groupes sociaux qui coexistent à l’école (élèves, enseignant·es, direction…) qui sont en constante évolution.

Des facteurs extérieurs et un manque de formation

Dans cette étude, on peut d’abord observer qu’il existe des déterminants de la satisfaction professionnelle et que ce n’est en moyenne qu’après dix ans d’expérience du métier que le sentiment d’accomplissement personnel augmente véritablement. A titre d’exemple, les chercheuses observent l’existence d’un groupe-type particulièrement insatisfait au niveau professionnel et qui correspond à ce facteur identifié : les hommes exerçant au sein du collège, dont l’âge est compris entre 25 et 45 ans, et qui ont moins de dix ans d’expérience dans le métier d’enseignant.

S’il est assez logique que le sentiment d’accomplissement vienne avec le temps, on constate que la décroissance de la réalisation de soi perçue renvoie, quant à elle, à la réalité du manque de formation des enseignant·es. Déjà en 2011, une autre étude2 soulignait que 49 % d’entre eux estimaient ne pas avoir été préparés par leur formation à leur travail actuel, et que 40 % ne se sentaient ni formés ni soutenus pour améliorer leur travail. Voilà notamment pourquoi L’ASL s’engage, à son niveau, pour la formation des personnels, qui a également un impact sur leur bien-être psychologique.

Plaidoyer pour un management plus collaboratif

Mais l’étude de Solange Ciavaldini-Cartaut et de Catherine Blaya met aussi en exergue un lien direct entre la satisfaction professionnelle du corps enseignant et le climat scolaire perçu au sein de l’établissement. Ainsi, le bien-être au travail des enseignant·es décroît principalement lorsque le sentiment d’appartenance à la communauté éducative baisse lui aussi.

En conséquence, les autrices suggèrent d’aller vers des modes de travail plus collaboratifs et perçus comme moins autoritaires par les enseignant·es. Les équipes de direction gagneraient, selon elles, à opter pour des modes de gouvernance renouvelés, vécus moins comme du pilotage que comme un accompagnement. Cela tout en leur reconnaissant une plus grande part d’autonomie et en valorisant leur créativité, pour mutualiser leurs bonnes pratiques et casser leur solitude.

En matière de santé au travail, « l’établissement scolaire doit être envisagé, à l’instar du quartier, de l’entreprise et du logement, comme un espace de vie qui peut contribuer au bien-être de l’individu ou, au contraire, générer de l’insatisfaction et du stress. »3 Cela rejoint ainsi l’action de L’ASL qui, en soutenant et conseillant les enseignant·es face aux multiples risques de leur métier, contribue autant à améliorer leur santé qu’à apaiser le climat scolaire.

  1. Climat scolaire et satisfaction professionnelle des enseignant·e·s : un enjeu pour la « qualité du vivre et travailler ensemble » en établissement scolaire, Solange Ciavaldini-Cartaut S. et Blaya C., 2020
  2. La qualité de vie au travail dans les lycées et collèges le burnout des enseignants, Fotinos G. et Horenstein J.M., 2011
  3. Identification au lieu et aux pairs : quels effets sur la réussite scolaire ?, Fleury-Bahi G., Ndobo A., Gardair E., Jeoffrion C. et Marcouyeux A., 2009