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Entretien avec une ergonome Sorties scolaires : comment mieux prévenir les risques ?« Des plateformes inutilisables mais des élèves plein de ressources ! »

Des premières difficultés liées à un environnement numérique nouveau depuis la réforme
Cette enseignante, qui suit deux groupes d’élèves de 1ère composés respectivement de 23 et 22 élèves, ainsi que deux groupes de 18 élèves de Terminale, et dont elle est professeure principale pour l’un d’entre eux, nous explique que cet enseignement à distance est arrivé dans un contexte extrêmement lourd pour les enseignants « puisque la réforme du lycée nous a imposé, lors de cette rentrée scolaire, un nouvel environnement numérique de travail, la plateforme Eclat, que nous ne maîtrisons pas encore complètement. Cela n’a donc pas arrangé les choses car nous sommes encore en phase d’adaptation pour l’utilisation de ce nouvel outil ! »
Malgré de nombreuses formations en ligne mises à disposition des enseignants durant cette première semaine, s’acclimater aux nouveaux outils pour faire cours, reste encore compliqué pour de nombreux enseignants : « notre hiérarchie a mis en place des webinaires afin de nous permettre de mieux nous familiariser avec les outils et plateformes officiels, « Eclat » pour les échanges et l’administratif et celle du CNED pour faire de la classe virtuelle. J’ai suivi de nombreuses formations en ligne la première semaine pour m’approprier ces outils, ce qui a pris beaucoup de temps pour peu d’efficacité finalement. »
Une démultiplication des interlocuteurs rendant le suivi des élèves plus compliqué
En tant que professeur principal, les choses ne sont pas simples non plus pour assurer un suivi des élèves, d’autant plus aujourd’hui avec la démultiplication des interlocuteurs : « les élèves dont je suis la professeure principale, n’ont pas tous le même professeur de maths, ils sont répartis dans différents groupes et donc je peux avoir jusqu’à quatre professeurs de maths comme interlocuteurs pour faire le point sur l’ensemble des élèves pour cette matière. Inversement, pour rendre compte des avancées des élèves que j’ai en groupe, je dois faire le point avec plus de huit professeurs principaux ! »
Des plateformes saturées ne permettant pas de joindre les élèves
Consciencieuse et volontaire, comme bon nombre d’enseignants, cette professeure de physique-chimie a été très angoissée en début de confinement et d’enseignement à distance, redoutant de ne pouvoir joindre ses élèves dès le début. En effet, « avant cette rentrée scolaire, j’avais une liste avec les mails personnels des élèves, mais avec le changement de notre outil numérique de travail, il n’a pas été possible, cette année, de constituer cette liste, tous les échanges devant passer par la plateforme Eclat. Ce qui a posé problème cette première semaine puisque les plateformes étaient complètement saturées ! J’ai été complètement paniquée ne sachant comment joindre mes élèves». Ce n’est qu’après plus d’une semaine que les plateformes se sont totalement fluidifiées, « donc il a fallu trouver d’autres solutions soi-même. Heureusement, quelques-uns de mes élèves m’avaient écrit sur ma messagerie professionnelle. »
Des plateformes inutilisables mais des élèves plein de ressources !
Cette période de mise en place, parfois assez confuse, a aussi révélé des bonnes surprises chez les élèves qui ont démontré toute leur ingéniosité et leur capacité d’adaptation : « dès le début, j’ai été contactée par certains de mes élèves, et l’un d’eux m’a informée qu’il avait créé un serveur Discord, sur lequel je pouvais retrouver l’ensemble de mes élèves. Cela m’a permis d’être en contact avec mes élèves. J’ai alors pu m’approprier très rapidement cette plateforme assez simple finalement et commencer mes cours à distance. De bons travaux pratiques en somme : « j’ai été agréablement surprise de découvrir que certains de mes élèves, qui n’étaient pas forcément les meilleurs en cours de physique, avaient de nombreux talents en programmation et en organisation ! »
Une période particulière donc mais qui fait ressortir aussi de nombreuses choses positives : « je suis vraiment ravie de voir comment les élèves s’impliquent et jouent le jeu ! Et mieux encore, je constate que les élèves sont eux-mêmes contents de nous aider, appréciant l’échange de savoirs tout autant que l’apprentissage. »
« Un système D certes mais qui fonctionne et c’est l’essentiel ! »
Aujourd’hui, bien que les plateformes officielles fonctionnent mieux, cette enseignante a finalement décidé de garder en partie celle sur laquelle elle a commencé à travailler avec ses élèves pour ne pas perdre de temps mais également prendre en compte les préférences de ses élèves : « je ne souhaite pas perdre de temps à tenter de paramétrer et maîtriser la plateforme du CNED alors que celle que nous utilisons actuellement nous convient très bien, l’essentiel est de faire cours et de transmettre notre savoir correctement aux élèves ! D’ailleurs, les élèves, à qui j’ai demandé l’avis, m’ont confirmé qu’ils trouvaient la plateforme du CNED moins pratique pour le tchat. »
« J’ai travaillé de 8h à 21h30 quasiment non-stop la première semaine ! »
Pourtant pour être sûre de toucher tous les élèves, la professeure a multiplié son travail : « j’ai décidé durant la première semaine d’intégrer mes cours, les exercices et les corrections sur l’ensemble des outils à disposition : l’outil officiel du lycée Eclat, Moddle, Discord mais également par mail. Cela a forcément démultiplié mes tâches. Maintenant que les plateformes fonctionnent mieux, je pense diminuer ces dédoublements et donc souffler un peu… »
L’enseignement à distance implique également un travail supplémentaire, non pas dans la préparation des cours mais dans la manière de les prodiguer, forcément différente : « ce qui prend du temps ce n’est pas la préparation des cours mais de préparer tous les corrigés en amont, ce qui n’était pas le cas avant puisque nous les faisions ensemble, à l’oral ou avec un élève au tableau. Maintenant, il faut tout taper sur le clavier en amont, ce qui prend forcément plus de temps. »
Un rythme de croisière qui s’est mis en place
Désormais, chacun a pris ses marques, l’enseignement à distance pour cette enseignante ne pose plus vraiment de problème. Chacun a réussi à prendre plus ou moins le rythme : « maintenant je fais cours en visio-conférence sur mon écran d’ordinateur, que je partage avec mes élèves. Ils m’entendent et arrivent à me poser des questions soit par tchat soit en prenant directement la parole. Pour les exercices pratiques, les tests et les ressources mis à disposition des élèves, j’utilise la plateforme Moodle qui fonctionne à nouveau, comme nous en avions l’habitude avant la période de confinement. Ce qui est pratique d’ailleurs avec cet outil, c’est qu’il m’est possible de voir ce qu’a fait chaque élève sur les différents tests. Si je constate qu’une majorité a eu des difficultés sur une question en particulier, j’adapte le cours oral suivant pour revenir dessus. Désormais, nous avons trouvé notre rythme de croisière ! »
Pourtant, cette enseignante a quelques craintes sur les marques que pourront laisser cette période sur certains élèves et qui ne seront pas visibles avant la reprise : « nous allons pouvoir continuer à faire cours, pourtant je m’inquiète tout de même pour certains, qui ont un cadre moins strict de travail en étant à la maison. J’ai peur, je l’avoue d’un décrochage pour certains… ce que nous ne pourrons pas constater tant que nous enseignerons dans ces conditions. »