En 1982, la compétence éducative a été répartie entre régions, départements et communes. Près de 30 ans après cet éclatement, les relations entre les collectivités territoriales et l’Ecole sont-elles harmonieuses ? A priori, oui, si l’on en croit l’intégration des différents niveaux territoriaux dans la gestion des établissements scolaires. « Depuis les premières lois de décentralisation, explique Claude Haut, président du Conseil général et sénateur du Vaucluse, président de la commission Education à l’Assemblée des Départements de France, les conseils généraux ont été obligés de s’investir lourdement, non seulement dans l’équipement et la transformation des collèges, mais aussi dans l’hébergement et la restauration, que beaucoup de départements ont pris à bras le corps. »

Pour cet élu, les départements sont devenus des partenaires à plus d’un titre, le principal étant l’entretien, la rénovation et la construction des collèges. S’y ajoutent l’accueil, la restauration, l’entretien technique et les nouvelles technologies. « Les départements font beaucoup d’efforts pour assurer leur compétence en matière éducative », estime Claude Haut. De nouveaux défis se sont pourtant posés récemment à ce niveau territorial, comme l’intégration en 2007 de près de 100 000 agents techniciens, ouvriers et de service (TOS) qu’il a fallu accueillir, gérer, et pour lesquels il a fallu renforcer le service de médecine du travail.

Les sujets de préoccupation

Aujourd’hui se pose le problème de l’assouplissement de la carte scolaire, qui donne quelques inquiétudes aux élus des conseils généraux. Ceux-ci craignent en effet que la mixité scolaire ne puisse plus être garantie et que certains établissements deviennent de véritables ghettos. « Un travail commun doit être fait avec l’Etat sur la sectorisation des collèges. Dans ce domaine, chacun doit avoir la volonté de faire un pas vers l’autre », conclut Claude Haut.

Parmi les préoccupations des élus figure également l’hygiène à l’école, mise en relief par la prévention de la pandémie de grippe A. « Dans le Vaucluse, nous avons un plan de prévention qui va d’une simple mesure de maintien à domicile de certains élèves ou professeurs touchés jusqu’à la fermeture de l’établissement et la prise en charge de sa désinfection » explique Claude Haut. Anne-Sophie Benoit, directrice de l’éducation de la ville de Dunkerque, a demandé au personnel municipal de prêter une attention particulière au nettoyage des portes et des sanitaires. « Plutôt que d’installer des poubelles à couvercle, nous fermons les sacs poubelles quand ils ne sont qu’à moitié remplis. Certaines municipalités ont décidé d’installer des distributeurs de serviette, mais cela a un coût ! ». En effet, la Ville de Paris, par exemple, a consacré 2 millions d’euros à la mise en place de savon liquide et de serviettes dans les écoles de la capitale.

Les initiatives des régions et des départements

Si, dans les départements, les initiatives ne manquent pas en matières de sécurisation des collèges (Seine-Saint-Denis), d’organisation du transport scolaire (Lot-et-Garonne), d’expérimentations numériques (Oise, Haute-Marne, Gironde), les régions – qui ont pour responsabilité les lycées – ne sont pas en reste. Aide à la restauration (Centre), création d’un internat d’excellence (Ile-de-France), chéquier livre (Nord-Pas-de-Calais, Bretagne), les conseils régionaux poursuivent leurs efforts en faveur des élèves et de leurs familles. Alors que les défis se font plus nombreux, notamment dans une perspective de sécurisation des établissements, régions et départements sont cependant peu enclins à tirer le bilan de 27 années de coopération éducative, se retranchant derrière leurs compétences purement techniques.