Sur l’ensemble du territoire, 100 Autonomes de Solidarité Laïques œuvrent pour la défense des intérêts moraux et matériels des personnels de l’éducation. En partenariat avec la MAIF, les ASL proposent depuis 2008 l’Offre Métiers de l’Education, protection contre les risques inhérents à leur activité professionnelle. Sur près de 500 000 adhérents, soit 53% des personnels enseignants du public, les Autonomes de Solidarité Laïques ouvrent chaque année avec la MAIF entre 5 000 et 6 000 dossiers de protection juridique, représentant 1% des adhérents.

Ce constat ne nie en rien les difficultés rencontrées par certains collègues, mais relativise le discours d’une école qui serait la proie de violences permanentes. Les Autonomes de Solidarité Laïques identifient trois facteurs de souffrance des personnels, générateurs de conflits et des dysfonctionnements relationnels.


Des exigences plus fortes et un corps qui ne protège plus

Aujourd’hui, la « bulle » Education Nationale semble moins protectrice. Les Autonomes de Solidarité Laïques constatent la grande solitude des personnels, perdus dans un système dont ils connaissent mal les fonctionnements. Les relations entre personnels se sont par ailleurs fortement tendues. Les personnels de l’éducation nous apparaissent fatigués, en perte de repères et parfois irritables. Dans des situations de travail de plus en plus difficiles, ces dysfonctionnements conduisent parfois à des conflits qui se judiciariseront.

Nos propositions :
– Mieux identifier et désigner, notamment dans les formations initiales, un corps identifié pour une mission d’enseignement et d’éducation.
– Former les nouveaux enseignants pour une meilleure connaissance de leur propre institution, notamment les instances d’aide et de soutien.
– Dégager du temps aux personnels « médiateurs » dans les établissements non pourvus en personnels d’éducation (directeurs d’école), pour qu’ils puissent réellement jouer ce rôle de régulateurs de situations qui se tendent.

La solitude enseignante est soulignée dans le rapport final de la concertation (page 17) :
« Le mal-être scolaire se fait aussi sentir chez les enseignants, comme le montrent les recherches et comme l’ont souligné les acteurs de la concertation. Beaucoup éprouvent une souffrance dans l’exercice même de leur métier, le sentiment de ne pas y trouver ce qu’ils en attendaient, mais aussi celui de la difficulté à enseigner et éduquer au quotidien, de l’incommunicabilité et de la solitude professionnelle. Ils ont le sentiment d’une dévalorisation de leur métier et d’un déclassement social. Cette crise de confiance dans le métier d’enseignant se lit notamment dans les difficultés actuelles de leur recrutement qui menacent à terme la qualité du corps professoral. La refondation doit donc aussi redonner confiance aux enseignants en valorisant leur profession pour rendre le métier plus attractif ».

 

Une formation qui néglige la « prise en charge »

Les propos de nos collègues soulignent que la formation initiale, tout comme les formations continues, n’ont pas permis d’acquérir les connaissances ou les attitudes liées aux situations relationnelles complexes : gestion d’un groupe hétérogène d’élèves, accompagnement des familles dans la scolarisation de leurs enfants, etc. Pour les étudiants qui se destinent à l’enseignement, il faudrait démultiplier l’approche éducative et de gestion de groupe, au-delà de la seule transmission des connaissances.

Nos propositions :
– Introduire dans la formation initiale et continue des modules relatifs, non seulement à la gestion des conflits, mais surtout à l’identification et à la prévention de de ces situations. La FAS, la MGEN et l’ADOSEN ont réalisé un CD Rom, largement diffusé dans les établissements sur la thématique « prévenir la violence scolaire ».
– Introduire dans la formation initiale des situations de pratiques auprès d’enfants afin que le premier contact avec un groupe ne soit pas au moment de la prise de classe.

Ces propositions vont dans le sens des conclusions des rapporteurs (page 46 du rapport final de la concertation) :
« La formation initiale des enseignants doit marcher sur ses deux jambes : académique et pédagogique. Sa vocation professionnalisante doit être affirmée. La formation des personnels doit, en outre, être pensée comme un processus continu tout au long de la carrière, de la formation initiale intégrant le concours à la formation continue, en passant par l’accompagnement dans l’entrée progressive dans le métier. »

 

La gestion des personnels, un élément favorisant ou défavorisant du climat scolaire

Le développement des emplois précaires dans l’éducation nationale est entré en contradiction avec une nécessaire stabilité des équipes. Les établissements des zones difficiles, mais aussi les jeunes enseignants sont particulièrement confrontés à un climat scolaire jugé défavorable.

Nos propositions :
– Revoir les règles de répartition des postes, les formations initiales et la prise en compte des spécificités et des hétérogénéités.
– Stabiliser et confirmer dans leurs rôle et place, les personnels chargés de l’aide et du soutien aux enfants malades ou handicapés scolarisés en école ordinaire, tant pour l’intérêt de l’enfant concerné, que pour le groupe classe qui l’entoure, et pour favoriser l’harmonie entre les adultes impliqués, notamment les familles, l’enseignant, la personne chargée de l’aide.

Les auteurs du rapport ont insisté sur l’importance du climat scolaire pour la réussite des élèves et la prévention des phénomènes de violence scolaire (page 45 du rapport final de la concertation) :
« Le climat scolaire est un facteur déterminant pour la réussite des élèves et la prévention des phénomènes de violence scolaire. C’est pourquoi l’École doit y être particulièrement attentive en appréhendant l’élève dans la globalité : celui-ci est à la fois un enfant à instruire, un citoyen à éduquer, un travailleur à former. »

 

A partir du rapport final de la concertation, Vincent Peillon a présenté, le 11 octobre, une première série d’arbitrages. Les différentes parties prenantes sont depuis consultées sur les grandes orientations de la refondation de l’école. Le projet de loi devrait être présenté en Conseil des ministres mi-décembre, avant un débat parlementaire programmé pour janvier 2013.