Biographie

Aristide Briand (1862 –1932) est issu d’une famille modeste. Après des études de droit, il devient avocat au barreau de Saint Nazaire, puis de Paris. Il travaille également au journal populiste et anticlérical La Lanterne. Aux côtés de Jean Jaurès, il s’efforce de maintenir unis les courants qui s’affrontent au sein du parti socialiste. Sa carrière ministérielle est l’une des plus longues de la IIIème République. Aristide Briand est surnommé « le pèlerin de la paix » pour avoir contribué à la pacification de l’Europe, notamment lors du conflit entre la France et l’Allemagne. En 1926, il reçoit le prix Nobel de la Paix avec Gustav Stresemann.

La loi de séparation de l’église et de l’Etat

Aristide Briand réussit cette mission impossible grâce à son pragmatisme et à son talent de négociateur. Il déclare le 6 avril 1905 : « J’ai horreur de la guerre religieuse. (…) Mais nous serions bien imprudents si nous ne songions à munir l’Etat des armes dont il aura peut-être besoin pour résister demain aux milices de l’Eglise ». Aristide Briand est un anticlérical modéré : il n’est pas radicalement opposé à l’Eglise, dont il juge la présence trop pesante, notamment dans l’enseignement, ce qui est un danger potentiel pour l’autorité nationale de l’Etat. Il est hostile au projet très anticlérical d’Émile Combes.

Les travaux préparatoires de la loi de 1905

Le projet de loi comporte 8 propositions très divergentes. Aristide Briand propose l’adoption d’« un plan de discussion clair et méthodique » qui traitera d’abord les points fondamentaux pour faciliter le travail de la Commission présidée par Ferdinand Buisson. Le rapporteur provisoire Aristide Briand s’impose rapidement en séance publique. Il mène les débats grâce à son éloquence et à la dynamique équilibrée de ses arguments. Il s’agit d’assurer la liberté de conscience tout en garantissant le libre exercice des cultes. Aristide Briand réussit à rallier un grand nombre d’opposants et à faire adopter un projet jugé réaliste et libéral par la majorité. Briand sera alors élu rapporteur définitif à l’unanimité.

Une liberté publique individuelle

L’affirmation du courant libéral aboutit à une séparation inédite de l’Eglise et de l’Etat. Elle affirme une volonté d’établissement de la paix religieuse par la protection de libertés fondamentales. La liberté personnelle côtoie la liberté collective religieuse. La loi établit la neutralité idéologique et philosophique de l’Etat, des services publics et de ses personnels. Elle ne privilégie aucun culte : tous sont égaux en droits et devoirs. Il n’y a plus d’interférences de l’Etat dans l’Eglise ni de l’Eglise dans l’Etat. Le pluralisme religieux est reconnu.
Aristide Briand est nommé Ministre des cultes de 1906 à 1911 grâce à la légitimité acquise lors des débats. Appelé au gouvernement pour assurer l’application de la loi, il organise les inventaires des biens de l’Eglise. Le Pape Pie X condamnant la loi de 1905, elle est modifiée en trois amendements, mais la solution libérale d’Aristide Briand triomphe.