Biographie

Elle est élevée en langue bretonne par deux instituteurs bretons militants. De son père, qu’elle perd à l’âge de quatre ans, elle tire sa sensibilité aux sentiments d’appartenance aux « petites patries ». Normalienne, agrégée de philosophie, elle réalise des travaux sur la Révolution, la République et son école, les femmes de lettres et les liens entre la littérature et l’histoire. C’est grâce à son mari Jacques Ozouf qu’elle rencontre plusieurs historiens dont François Furet avec qui elle réalisera plusieurs ouvrages (Dictionnaire critiquede la Révolution française).

En 2004 elle reçoit le Grand Prix Gobert pour l’ensemble de son œuvre. Elle est directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et membre du Centre de recherches politiques Raymond Aron à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Elle s’intéresse aux rapports qu’entretiennent pédagogie, idéologie et politique. En 2003 elle est l’une des signataires de la pétition contre Saddam Hussein et en 2005 initiatrice de celle : « Liberté pour l’histoire » qui s’oppose à la pénalisation de la négation du génocide arménien. Elle reprend le principe que l’historien explique et ne condamne pas, il doit conserver sa liberté d’expression.

L’évolution de l’école

La Bretagne était ignorée à l’école. Les héros bretons honorés à la maison n’avaient pas cours dans la classe qui devient un lieu de conflit pour elle. Ce tiraillement fera la clef de sa pensée active. C’est de son éducation républicaine qu’elle retient l’excellence scolaire. C’est le fruit de lectures, de travaux qui lui permettront d’aboutir à une synthèse constructive, developpée dans les ouvrages « L’école, l’église et la république » et « La République des instituteurs ».

En analysant les manuels scolaires Mona Ozouf montre qu’ils mettent l’accent sur les vertus d’ordre et d’obéissance et composent le portrait idéal du Français patriotique et laborieux. L’école incarne à ses débuts les rivalités entre l’Eglise et la République, l’école catholique payante et le curé tendront ensuite vers l’école de Jules Ferry « gratuite laïque et obligatoire ». Sous un œil critique et pédagogique Mona Ozouf  met en lumière l’évolution de l’école.

L’identité française

Mona Ozouf revendique une forte appartenance à la Bretagne tout en étant attachée à son identité de française et d’européenne. L’identité est à ses yeux un « feuilleté de plusieurs identités » : « aucune appartenance n’est exclusive » et l’unité de la France doit s’obtenir « non par la disparition mais par la composition des diversités ». En effet, selon elle, la seule appartenance est partiale, sectaire, intolérante et dominatrice alors que les appartenances multiples (traditions religieuses) permettent diverses contributions, divers métissages, diverses influences subtiles et contradictoires. Mona Ozouf a une conception volontariste de l’identité qui est un acte de confiance en l’homme, comme Condorcet croyait lui aussi dans l’enrichissement de l’individu. Elle la développe dans ses ouvrages « Composition française : Retour sur une enfance bretonne » et « Les mots des femmes ».

La profondeur historique et le sens des nuances de Mona Ozouf peuvent aujourd’hui éclairer la crise de l’identité française, partagée entre « républicanisme » et « communautarisme ». Interrogée en 2009 lors du débat sur l’identité nationale elle a mis en garde contre la tentation autoritaire française pour une identité nationale centralisée.

Sources

Sites : Wikipédia
Ouvrage : « la cause des livres » : 40 ans de critiques littéraires du Nouvel Observateur
Presse : Ouest-France, Libération
Auteurs : Jean-Yves Bouhéden : compte-rendu de conférence sur la Terreur.