Un métier en mutation

L’accueil des élèves en situation de handicap, les contraintes sécuritaires, le développement du périscolaire ont modifié la gouvernance des écoles. Le rôle et les missions du directeur d’école sont en profonde mutation avec des conséquences importantes sur le terrain. Dans ce contexte, Georges Fotinos, ancien chargé de mission d’inspection générale de l’Education Nationale, et José Mario Horenstein, médecin psychiatre, ont lancé cette étude interrogeant les directeurs d’école sur leurs conditions de travail, la qualité de vie professionnelle et l’organisation de l’école. Chiffre fort de cette enquête publiée en novembre 2018, 66 % (soit 2/3 des directeurs interrogés) déclarent un moral moyen/mauvais.

Un climat scolaire plutôt bon

Dans cette enquête, près de 54 % des directeurs déclarent un climat scolaire excellent ou bon, contre seulement 16 % pour un climat moyen ou médiocre. En revanche, un directeur sur deux considère que le climat scolaire s’est dégradé.

 L’enquête souligne de bonnes relations en interne :

  • 7 directeurs sur 10 ont le sentiment d’être valorisés par les enseignants ;
  • plus de 9 directeurs sur 10 estiment que les élèves ont de la considération pour eux.

En externe, les résultats sont plus contrastés :

  • plus de 8 directeurs sur 10 estiment que les services académiques de gestion connaissent peu ou pas leur établissement ;
  • 56 % des directeurs estiment que les différends avec les parents sont en augmentation contre 5 % en diminution.

Les relations avec les parents d’élèves

Quelles sont les sources de différends ? Pour 5 directeurs sur 10, ils ont pour origine la surveillance et la maltraitance entre élèves, pour 3 directeurs sur 10 les sanctions et punitions données à leurs enfants, ils concernent enfin les résultats ou l’orientation des élèves pour 1 directeur sur 10. Chiffre important, 93 % des directeurs d’école ayant répondu à l’enquête estiment consacrer de plus en plus de temps à l’écoute des parents.

La charge et les conditions de travail

Pour la plupart inédites, des données sur l’exercice du métier surprennent par leur ampleur et leur évolution :

plus d’1 directeur sur 2 estime son temps de travail hebdomadaire à 50 heures et plus, et plus d’1 directeur sur 10 à 60 heures.

83 % des directeurs considèrent que leurs conditions de travail se sont dégradées et seulement 2 % qu’elles se sont améliorées

Ces changements du métier sont récents : 5 directeurs sur 10 indiquent que l’augmentation du temps de travail et la dégradation se situent sur les 4 dernières années.

« Dans les situations conflictuelles auxquelles peuvent être confrontés les enseignants, il est très rare que ceux-ci remettent en cause la place, l’autorité ou la disponibilité du Directeur. Mais souvent, ils constatent que celui-ci, souvent submergé de tâches administratives pour lesquelles il est trop souvent peu assisté, ne peut percevoir et aider à résoudre toutes les difficultés rencontrées dans l’école. Souvent correspondants de l’Autonome de Solidarité laïque, les directeurs d’école pointent eux-mêmes cette difficulté alors que de nombreux conflits, lorsqu’ils ne peuvent être résolus au sein de la classe, remontent vers leur bureau et selon la gravité de ceux-ci, ils se retrouvent très souvent seuls « à la proue du navire » sans autre protection que leur seule capacité à apaiser ou à trancher pour résoudre une situation.» analyse Roger Crucq, Président de la Fédération des Autonomes de Solidarité Laïques, pour qui les chiffres publiés dans cette enquête confirment les éléments de contexte que perçoivent les Autonomes au travers des dossiers des adhérents.

Un mal-être

Plus de 8 directeurs sur 10 trouvent du sens et de l’intérêt dans leur travail, mais les résultats soulignent un mal-être des directeurs :

  • 6 directeurs sur 10 ne s’estiment pas reconnus dans leur travail ;
  • plus de 4 sur 10 déclarent que les caractéristiques de leur métier ne sont pas motivantes ;
  • 3 sur 10 soulignent enfin que l’utilisation de leurs compétences professionnelles ne les satisfait pas.

Comment expliquer ce mal-être ? Les directeurs pointent d’abord du doigt des injonctions paradoxales, mais aussi un changement trop fréquent d’organisations et d’objectifs. Plus de 9 directeurs sur 10 sont d’accord pour répondre qu’il y a trop de changements et plus de 8 sur 10 qu’il n’y a pas de continuité dans la politique éducative.


Méthodologie

Cette enquête a été réalisée du 15 mars au 4 mai 2018 avec un questionnaire en ligne. 7 365 réponses de directeurs d’école en activité ont été retenues, soit 16,5 % de la population concernée. Cet échantillon est très représentatif de la population concernée.


 

> Consultez l’étude dans son intégralité