Quel est le fonctionnement d’une délégation comme celle du Doubs ? Quels sont les dossiers les plus fréquents ? Comment cela se passe quand un adhérent appelle pour la première fois ? Quand est-il important de judiciariser une situation ? Rencontre avec Agnès Albersammer, délégataire du Doubs et Maître Lidwine Simplot, avocat-conseil.

Agnès Albersammer : « Je m’appelle Agnès Albersammer. Je suis professeur de mathématiques en lycée et je suis délégataire à la délégation du Doubs. »

Lidwine Simplot : « Lidwine Simplot, je suis avocate au barreau de Besançon depuis 2005. J’exerce au sein du cabinet Actae Avocats et je suis avocat-conseil de l’autonome délégation du Doubs depuis 2017. »

L'ASL, comment ça marche ?

Pourquoi êtes-vous devenue militante et avocat-conseil à L’ASL

Agnès Albersammer : « J’ai adhéré à l’autonome dès mon entrée en fonction, lors de ma première année d’exercices et je suis rentrée comme militante en 2002. Ma vision du militantisme, c’est de mettre mon temps disponible – puisque je suis en activité – mettre mon temps disponible au service des autres. Ce qui est motivant, c’est d’aider les gens. Une fois qu’on a mis le pied dedans, on a plus envie de s’investir.

Parfois, on a des adhérents qui sont complètement désemparés au téléphone et le fait d’arriver à les rassurer, on se dit vraiment qu’on est utile. »

Lidwine Simplot : « J’ai rejoint le cabinet de maître Mathieu qui était avocat de L’ASL depuis de très nombreuses années et j’ai repris la gestion de ses dossiers à son départ en retraite, notamment les dossiers de de l’autonome. J’ai rencontré Madame Albersammer, le contact est très bien passé entre nous et au quotidien, c’est vraiment très épanouissant de travailler pour l’autonome. »

Quel est le fonctionnement de votre délégation ?

Agnès Albersammer : « La délégation reçoit la plupart du temps les adhérents au téléphone. Ils s’adressent à nous, le premier contact est avec la collaboratrice technique. Son premier rôle, c’est d’abord un rôle d’écoute. Elle est formée pour ça. Les premiers entretiens sont souvent longs parce que les gens ont besoin de parler. Donc elle prend les premiers éléments du dossier et éventuellement, comme elle a beaucoup d’expérience, ça fait 20 ans qu’elle est dans notre délégation, elle peut déjà apporter un certain nombre de réponses à l’adhérent. Elle ouvre le dossier, je passe régulièrement, je suis en activité donc je passe sur mon temps libre dans la semaine et on fait le point régulièrement sur les dossiers qu’elle a rencontrés. Éventuellement, j’apporte des compléments ou on lui demande de rappeler l’adhérent pour telle ou telle précision. Voilà comment on fonctionne au quotidien. »

 

Quels sont les dossiers les plus fréquents ?

Agnès Albersammer : « En moyenne, on a à peu près une centaine de dossiers par an. On a aussi des dossiers d’aide en solidarité. Les dossiers les plus fréquents concernent souvent, par exemple dans le premier degré, des conflits avec des parents, des parents insistants, des parents revendicatifs, parfois des parents agressifs. En protection juridique là, on a des dossiers parfois plus lourds où l’adhérent se trouve confronté à une plainte de parents, donc il va être auditionné. On lui permet de rencontrer l’avocat pour se préparer. Et puis les dossiers en solidarité sont plus des dossiers d’aide financière, quand un adhérent est vraiment en difficulté. »

Lidwine Simplot : « Dans la plupart des dossiers, les adhérents sont victimes. Il y a très peu de cas, de situations où les adhérents sont recherchés en qualité d’auteur. Quand c’est le cas, ça reste à la marge. Et l’avocat-conseil est là aussi pour les accompagner, les soutenir tout au long de la procédure qui est pour eux aussi une véritable épreuve. »

Quand est-ce important de judiciariser une situation ?

Lidwine Simplot : « La judiciarisation, à mon sens, elle ne doit pas être systématique. La solution judiciaire n’est pas forcément la réponse à tous les problèmes.

Dans certains cas, il est quand même préférable d’envisager des démarches amiables, des recherches de solutions alternatives. Et l’avocat-conseil a aussi un rôle à jouer, pour soutenir l’adhérent, l’épauler. Dans la plupart des cas, ce sera essayer d’apaiser des situations conflictuelles au travail, entre collègues ou avec la hiérarchie. Après, il est évident que dans les cas les plus graves, il faut alerter l’autorité judiciaire et il est important de passer par la saisine d’un tribunal. »