Ce que disent les chiffres

Selon différentes études françaises sur des enfants âgés de 7 à 17 ans, 12 % des enfants interrogés auraient déjà participé à un jeu dangereux1, 84 % connaissent au moins un jeu dangereux, 26 % se sont déjà vus proposer un jeu dangereux2.

Les jeux d’agressions concerneraient près de 12 % des enfants scolarisés de la 6e à la 3e3. 10 % des collégiens auraient déjà pratiqué des « jeux de non-oxygénation » 4. L’âge moyen d’initiation y est de 12 ans, sans différences selon le sexe. De nombreux témoignages rapportent aussi la pratique de ces jeux à l’école élémentaire et à la maternelle5.

Chez les 6–15 ans, près de 2 enfants sur 3 connaissent l’un de ces « jeux » 6.

12 % des 7-17 ans auraient déjà participé à un jeu dangereux.

Plus de 80 jeux dangereux

Le guide Les jeux dangereux et les pratiques violentes a été édité par le ministère de l’Éducation nationale pour aider la communauté éducative à prévenir et repérer ces pratiques. Publié en 2007, il ne recense pas ceux apparus depuis lors, mais reste d’actualité quant aux typologies de jeux pratiqués et aux conseils de prévention.

Les jeux dangereux regroupent trois grandes catégories : les jeux de non-oxygénation, les jeux d’agression et les jeux de défi, pouvant se combiner entre eux. 

  • Les « jeux » de non-oxygénation reposent sur l’asphyxie, la strangulation, ou la suffocation pour ressentir des sensations dites intenses. Le plus connu d’entre eux est le jeu du foulard.
  • Les « jeux » d’agression consistent à faire l’usage de la violence physique gratuite, généralement, d’un groupe envers une cible. On distingue les jeux intentionnels, lorsque tous les enfants participent de leur plein gré aux pratiques violentes, des jeux contraints, lorsque l’enfant qui subit la violence du groupe n’a pas choisi de participer. À l’instar de ce jeu consistant pour plusieurs écoliers à encercler un camarade pour le pousser et le renvoyer, en plaçant leur bras en croix sur leur torse. L’enfant ciblé est parfois prêt ; parfois, il est pris par surprise. C’est alors que le jeu est le plus dangereux.
  • Les « jeux » de défi reposent sur le principe « cap, pas cap ». Au sein d’un groupe, des élèves vont relever un ou plusieurs challenges de plus en plus risqués soit pour l’enfant qui le pratique, soit pour celui qui en est la cible. Le jeu de l’escalier consistait à provoquer une bousculade dans les escaliers de l’établissement. Le jeu « Blue Whale », notoire sur les réseaux sociaux, consiste à entrer via un parrainage, dans une spirale de 50 défis de risque croissant dont l’ultime étape est le suicide.

Dernier exemple en date de jeux combinant agression et défi, ceux inspirés par la série phénomène de Netflix : « Squid Game », fin 2021, pourtant interdite aux moins de 16 ans. Certains écoliers se sont mis à reproduire dans la cour de récréation les jeux de la série comme « 1, 2, 3, soleil », frappant ou jetant des cailloux aux perdants. Face aux risques, l’Éducation nationale a envoyé un message d’alerte à tous les Directeurs des académies en région, les directeurs académiques des services de l’Éducation nationale (DASEN), pour les prévenir du phénomène, des cas ayant été signalés. Il a été également demandé aux directeurs des services de veiller à l’identification et la prévention de cette pratique. Le phénomène est cependant resté très marginal comparé à celui du harcèlement ou au jeu du foulard.

Le point de vue de L’ASL

Apprendre à connaître et à reconnaître les jeux dangereux et pouvoir ainsi en parler est la première étape pour les faire cesser. Dès lors, vous pouvez rapidement engager une démarche de prévention. En dehors de tout incident repéré dans l’établissement, cette démarche peut s’inscrire dans le cadre du projet éducatif global de l’école. L’ASL recommande aux équipes éducatives de se montrer vigilantes quant à l’utilisation des téléphones portables, d’adopter une attitude ferme quant au respect du règlement intérieur de l’établissement, et de pratiquer une surveillance efficace dans les lieux présentant le plus de risques (couloirs, cour de récréation, toilettes, etc.).

 

SOURCES

  1. Typologie des jeux dangereux chez des collégiens : vers une étude des profils psychologiques. Bernadet S., Purper-Ouakil D., Michel G. 2012
  2. Enquête TNS-Sofres, menée entre le 27 juillet et le 3 août 2007, sur un échantillon de 489 enfants, âgés de 7 à 17 ans, représentatif de la population française, sur leur connaissance et leur pratique des jeux dangereux. Citée par le ministère de l’Éducation nationale dans le Guide d’intervention en milieu scolaire : jeux dangereux et pratiques violentes.
  3. Michel G., « Les jeux dangereux et violents chez l’enfant et l’adolescent : l’exemple des jeux d’agression et de non-oxygénation », Journal de pédiatrie et de puériculture, volume 19, Issue 8, décembre 2006, p. 304-312.
  4. Michel G. Jeux dangereux et violents. 2009
  5. Ministère de l’Éducation nationale. Jeux dangereux et pratiques violentes. Guide d’intervention en milieu scolaire.
  6. IPSOS-APEAS. Connaissance et pratique du « jeu du foulard » et autres jeux d’apnée et d’évanouissement auprès des 6–15 ans 2012
  7. Ministère de l’Éducation nationale. Les jeux dangereux et les pratiques violentes 2007