Une organisation adaptée en s’appuyant sur de nouveaux outils

Pour la majorité de ces enseignants, la communication avec les familles se fait principalement par mail, en envoyant la veille pour le lendemain des exercices de lecture, fiches de mathématiques, mots à apprendre, afin de garder un lien quotidien avec les parents et pouvoir réajuster avec eux au besoin. Toutefois, chacun adopte des méthodes différentes.

Constatant un manque de retour des familles, l’une d’entre eux a choisi de dynamiser les échanges, en préparant une dictée vocale envoyée ensuite par mail aux parents, elle raconte que « cela a eu toute suite beaucoup de succès, j’ai reçu de nombreux encouragements à poursuivre, les enfants étaient heureux d’entendre la voix de la maîtresse ». Désormais, tous les vendredis, elle adresse des messages vocaux aux élèves pour leur donner des nouvelles ou rappeler les consignes. D’autres ont recours à des outils numériques. C’est le cas d’une enseignante qui s’appuie sur la plateforme « lalilo », une classe virtuelle en ligne, qui lui permet de suivre à distance la progression de ses élèves. Un autre enseignant de petite et moyenne section envoie, quant à lui, régulièrement des ressources numériques aux parents d’élèves. Il leur a d’abord conseillé de prendre connaissance du livret d’accompagnement édité par le CNED pour qu’ils se familiarisent avec l’organisation de la journée et les grandes notions d’apprentissage (le langage, le graphisme, les nombres etc…). Il leur adresse régulièrement des liens pour lire ou écouter des histoires (en savoir plus) ou des blogs à consulter comme par exemple celui de la plateforme Lumni.

Des activités ludiques pour faire progresser en s’amusant

Certains enseignants proposent également aux parents des activités ludiques pour occuper les enfants tout en apprenant. L’un d’entre eux propose « un défi par jour », comme créer des rébus ou photographier un objet ancien. D’autres adressent aux familles des exercices de yoga à faire en famille, pour se détendre après de longues journées de confinement. D’autres encore, eu sein de la même école, sont également parvenus à maintenir un lien entre leurs classes respectives. Entre collègues, ils ont ainsi lancé un défi deux fois par semaine avec tous les élèves, comme construire une grande tour à la maison. Chaque enfant se prend alors en photo à côté de sa tour et les enseignants réalisent ensuite un document global qui est envoyé aux élèves. Une autre enseignante demande aux parents de poursuivre des projets déjà lancés en classe et de lui envoyer des photos des activités réalisées avec les enfants afin d’organiser une exposition, lorsque l’école reprendra, pour travailler sur « un musée du confinement ». Elle propose également des activités ludiques et facilement réalisables pour les parents comme inventer une histoire avec son doudou ou écrire une carte à un proche que l’on ne peut pas visiter à cause du confinement. Pour les mathématiques, elle leur propose de fabriquer un jeu de cartes et de jouer à la bataille en famille.

Un investissement supplémentaire pour les enfants en difficulté

Pour certains enfants, les enseignantes doivent redoubler d’efforts afin de maintenir le lien. L’une d’eux explique qu’elle se transforme parfois en véritable « coach » avec les parents : « il faut leur expliquer que leur enfant ne peut pas faire tous les exercices, qu’il vaut mieux faire moins en quantité mais passer plus de temps afin de s’assurer de la bonne compréhension par l’enfant ». Dans ces situations, les enseignants s’adaptent et privilégient les appels téléphoniques plutôt que les mails afin de faire un point directement avec les enfants. Pour certaines familles, les enseignants demeurent inquiets, notamment lorsqu’ils ne reçoivent aucune nouvelle de certains élèves. Ils s’interrogent sur la démarche à suivre dans ces situations : faut-il contacter l’inspecteur ? Les services sociaux ? Comment assurer la continuité pédagogique dans ces conditions ? Comment remédier aux inégalités qui résulteront de cette période de confinement ? Pour d’autres, ce confinement peut avoir des aspects positifs : établir un lien privilégié avec chaque famille et avec chaque enfant ou encore développer l’apprentissage de l’autonomie chez les élèves.

Les équipes départementales de L’ASL accompagnent les personnels pour répondre à leurs questions en cette période particulièrement sensible, aux risques numériques notamment.