Conflits avec des parents d'élèves : comment réagir ?
J’ai été agressée et menacée par un parent d’élève, ma direction n’a pas voulu signalé cela à l’inspection, ou que je fasse de main courante, il n’y a pas eu de médiation ou d’excuse. Je me suis sentie abandonnée par ma direction. Est-ce que les agressions verbales ou menaces sont systématiquement signaler par la direction à l’inspection? Quelles sont les mesures à prendre en cas d’agression verbale,d’agression physique ou menace si la direction n’en fait pas part. Comment communiquer aux parents avec bienveillance la tolérance 0 à ce type de comportements sans être « rigide » ?
Me Florence Lec, avocat-conseil national de L’ASL : L’agression ou les menaces d’un parent d’élève à votre égard est totalement intolérable et vous devez le signaler y compris par écrit auprès de votre direction. Si celle-ci ne réagit pas, vous avez parfaitement la capacité de transmettre directement auprès de votre inspecteur de circonscription, le signalement de cette situation qui n’est pas acceptable. Il serait également nécessaire de prendre contact avec la délégation départementale de L’ASL dont vous dépendez, qui ne manquera pas de vous orienter vers son avocat conseil. Celui-ci vous apportera tous les éléments pour faire cesser cette situation, y compris en recueillant des témoignages, nécessaires en cas de dépôt de plainte et non pas sous forme de main courante. La délégation de L’ASL pourra solliciter l’intervention de son avocat-conseil pour vous accompagner et vous conseiller sur la meilleure démarche à suivre.
Ces dernières années j’ai plusieurs fois été mise en cause lors de conseils d’école. Ma directrice a toujours essayé, sans succès, de stopper les accusations mensongères en arguant que ce n’était pas l’endroit pour s’expliquer, que le conseil d’école n’était pas un tribunal. Les fédérations de parents d’élèves n’ont-elles pas une charte à respecter au conseil d’école ? La dernière accusation me visant, au conseil d’école de juin 2020, concernait la continuité pédagogique durant le confinement sur le blog de l’école. Il m’a été reproché de mettre le travail sur le blog sans expliquer aux parents comment expliquer aux enfants. Mes collègues ayant procédé de la même façon, nous ne comprenons pas cette demande d’une délégation qui persiste en cas de nouveau confinement. Dans le cadre de l’école à distance, devons-nous faire l’école des parents ?
Me Florence Lec : La Directrice d’école a la tâche d’animer le conseil d’école et d’y faire régner le respect entre ses membres. En cas de manquement, il lui revient, et en cas de besoin l’inspecteur de circonscription pourra intervenir et rappeler par courrier et par mail les parents d’élèves à leurs devoirs. Bien évidemment une rencontre avec la fédération des parents d’élèves est fortement recommandée. Lors du conseil de juin 2020 où votre continuité pédagogique a été mise en cause, un procès-verbal a été établi, et il peut être diffusé. Dans le travail à distance et la continuité pédagogique, je suppose que vous et vos collègues, avez strictement respectés les recommandations et instructions qui vous ont été données par les différents protocoles sanitaires et par votre hiérarchie. Bien évidemment, l’école à distance avec l’intervention des parents a provoqué dans l’ensemble du pays des difficultés et des problèmes qui sont loin d’être résolus. Il convient à cet égard comme savent le faire les enseignants expliquer, encore expliquer, toujours expliquer…
Jean-Louis Linder, vice-président de L’ASL (2019-2024) : Il est souhaitable que l’équipe pédagogique se réunisse pour apporter une réponse mais, dans ce cas au vu de votre témoignage, nous vous conseillons de vous tourner vers votre délégation départementale.
Pendant le confinement, nous, enseignants, avons assuré « la continuité pédagogique », avec nos propres moyens, nos propres outils, sur un temps de travail qui a été bien au-delà d’un temps de travail « normal », empiétant largement sur notre vie de famille. Le problème, c’est que cet engagement exceptionnel des enseignants, rend maintenant les parents encore plus exigeants sur le « niveau de service » qu’ils attendent des enseignants lorsque leur enfant est malade (pour cause de Covid ou pas d’ailleurs). Ils exigent de la part des enseignants l’envoi des cours, des corrigés, le tout dactylographié (car leur enfant n’arrive pas à lire l’écriture du camarade dont ils ont emprunté le cahier!). Ces parents s’impatientent et réitèrent leur demande 2 jours après si celle-ci n’a pas eu une réponse immédiate. Ils oublient que nous ne sommes plus en confinement. Nous ne pouvons pas assurer à la fois le présentiel et le distanciel. Comment le leur rappeler fermement mais avec tact? N’est-ce pas à l’institution de le faire, plutôt que chaque enseignant chacun de son côté? L’institution ne doit-elle pas nous protéger plutôt que de nous laisser tomber et de nous exposer toujours davantage ?
Me Florence Lec : L’engagement des enseignants durant le confinement pour assurer la continuité pédagogique n’a pas toujours été reconnu à sa juste valeur. Il est vrai que certains parents d’élèves ont pris l’habitude de croire que l’enseignant devait être disponible en permanence et « taillable et corvéable à merci ». Il convient en conséquence de leur rappeler que le niveau de service durant la pandémie avait un caractère exceptionnel et non permanent et que vous ne pouvez assurer à la fois le présentiel et le distanciel. Comme vous le suggérez, provoquez une rencontre avec ces familles pour leur expliquer avec tact les impératifs de vos conditions de travail, engagez également une discussion au sein du conseil d’école qui pourra également adresser des recommandations aux familles. Enfin, vous avez droit au concours de votre hiérarchie qui peut rappeler les droits et devoirs de chacun dans une période sans précédent. Il est vrai que le recours au télétravail et à la mise en place d’une continuité pédagogique à distance nécessitent que l’administration redéfinisse vos obligations mais aussi la protection qui vous est due dans l’exercice de vos fonctions.
1/les représentants s’insurgent contre la diffusion de vidéos ( œuvres audiovisuelles ayant été diffusée récemment sur une chaîne hertzienne non payante ) sur le temps de récréation en cas de pluie à l’école maternelle. Existe -t il un texte? L’école ne dispose pas de préau ou d’espace permettant d’envisager d’autres solutions si ce n’est que la salle de motricité où sont diffusées les vidéos … le cas échéant les enfants devront rester en classe. 2/ une des fédérations dispose d’un compte facebook sur lequel elle a relayé des informations suite à une réunion avec la directrice en déformant ses propose qui a suscité des réactions orales vives de certains parents. Suite à cela la directrice a fait le compte rendu de l’école de cette réunion pour restituer fidèlement la position de l’école. Ce compte facebook n’est pas toujours dans un dialogue constructif avec l’école avec des commentaires désobligeants. De quel moyens dispose l’école pour éviter ce genre de dérive qui n’est pas systématique mais qui se répète ?
Me Florence Lec :
1) L’arrêté du 9 novembre 2015 fixant les horaires d’enseignement des écoles maternelles et élémentaires définit le temps de récréation mais ne dit rien sur comment ce temps doit être occupé. Vous pouvez vous rapprocher de votre hiérarchie et n’hésitez pas à discuter de ce point lors d’un conseil d’école. Le dialogue doit être privilégié mais cela peut être compliqué d’après ce que vous évoquez.
2) Concernant les réunions du conseil d’école, le règlement intérieur doit rappeler qu’elles sont confidentielles et que seul le procès-verbal dressé par la directrice d’école peut éventuellement être diffusé avec son autorisation. Ces réunions n’ont pas à être diffusées sur FACEBOOK et une démarche doit être entreprise auprès de cette Fédération afin qu’elle cesse de diffuser des informations erronées. En cas de nécessité, je vous suggère d’en informer et d’obtenir l’appui de l’inspecteur de circonscription.
Je rencontre chaque année un conflit avec au moins une famille de ma classe quant à des perceptions différentes des règles de vie et limites données à leur enfant dans ma classe ( bases éducatives ???!!). Quant la situation se crispe ( c’est le cas en ce moment ) que faire ? L’IEN propose rapidement un changement de classe ( bonne ambiance entre collègues !!) ou d’école…peut il nous l’imposer , est ce la bonne solution d’après vous ( contournement du problème familial mais soulagement pour moi !!!).
Me Florence Lec : Le conflit ouvert avec une famille de votre classe a nécessité l’intervention de l’inspecteur de l’Education Nationale qui vous a proposé des solutions qu’il vous est recommandé de suivre. A défaut, et en cas de dégradation du conflit, il pourra vous être reproché de ne pas avoir suivi les solutions qui étaient proposées. C’est alors qu’elles peuvent vous être imposées par votre hiérarchie.
Jean-Louis Linder : N’hésitez pas à vous rapprocher de votre délégation départementale à ce sujet.
Je suis directrice et de plus en plus confrontée à des parents malveillants qui déforment mes propos. Je songe de plus en plus à être accompagnée lorsque je les reçois mais cela n’est pas vraiment possible. J’envisage donc d’enregistrer les entretiens avec un dictaphone en prévenant de cette démarche. Est-ce légal ?
Me Florence Lec : En votre qualité de directrice et compte tenu des difficultés que vous rencontrez, il apparaît nécessaire voire indispensable de fixer un entretien en présence d’un autre collègue. A titre de prévention, vous pouvez évidemment enregistrer votre conversation à condition que vous en ayez informé votre interlocuteur. Songez cependant qu’en procédant de cette manière, celui-ci peut vous indiquer qu’il vous enregistre lui aussi. En conséquence, rien ne remplace un dialogue direct. Enfin, si vous êtes l’objet de propos malveillants, vous pouvez les relever et adresser une correspondance ou un courrier qui demande que ces allégations cessent. Vous pourrez d’ailleurs vous adresser à votre délégation départementale qui pourra vous conseiller au mieux et, le cas échéant, vous diriger vers l’avocat-conseil.
J’ai des parents d’élèves qui sont fréquemment en retard et ces parents refusent de mettre leurs enfants à l’étude ou au centre de loisirs. Les parents savent que sur l’école, les enseignants attendront même si chaque on leur répète de venir à l’heure, certains en profite. Je me suis retrouvée dans une impasse à attendre devant la porte de sortie avec certains élèves, plus d’une demie-heure. Les laisser devant le portail est une chose que je n’arrive pas à faire même si je suis consciente de risques au niveau de la loi. Je me sens coincée et je risque d’avoir des problèmes peut être importe si j’attends ou non. La direction n’arrive pas à résoudre ce problème. Que faire ?
Me Florence Lec : Concernant le retard des parents pour la prise en charge de leurs enfants, il convient avec votre direction, d’établir clairement les règles dans votre règlement intérieur. En cas de besoin, vous signifiez, par lettre recommandée ou par mail aux parents défaillants, ce règlement intérieur en leur rappelant qu’il doit être impérativement respecté. Une entrevue individuelle avec les parents apparaît indispensable, à défaut, votre direction devrait pouvoir indiquer que les enfants seront alors mis à l’étude ou au centre de loisirs en raison de leur carence, à leurs frais. Si ces retards étaient récurrents et anormalement longs, vous n’hésiterez pas à faire une information préoccupante avec l’accord de votre hiérarchie, au conseil départemental. Enfin, vous avez parfaitement raison de ne pas laisser les enfants devant le portail car même, dans cette situation, votre responsabilité pourrait être engagée. En cas d’accident ou d’agression des élèves, vous pourriez être mise en cause pour non-assistance à personne en danger. J’observe que vous êtes parfaitement consciencieuse malgré les désagréments que cette situation occasionne.
Jean-Louis Linder : Les obligations professionnelles et le temps de service sont clairs : vous prenez votre service 10 minutes avant l’entrée des élèves. Pour autant, au moment de la sortie des classes, vous devez bien sûr veiller à la sécurité de vos élèves et votre conscience professionnelle et personnelle vous amène bien au-delà. Les élèves d’élémentaire, rappelons-le, peuvent venir et rentrer seuls. Les parents coutumiers du fait doivent être convoqués par votre direction voire par votre supérieur hiérarchique si, malgré toutes vos tentatives, rien n’a changé. Les mairies et le service périscolaire doivent être parties prenantes de la solution. C’est important de les mobiliser aussi car ils pourraient en ce cas, permettre à l’enfant d’aller soit en garderie soit sur les activités périscolaires avec l’accord des parents.
Les parents remettent en cause ma pédagogie : – beaucoup de manipulation, de recherche par tâtonnement/essais/erreurs, verbalisation systématique et recherche collective des meilleures astuces… donc peu d’exercices d’application dans le cahier du jour en fonction du moment dans ma séquence d’apprentissage, – pédagogie de projet et non pas classe flexible avec plan de travail, – pas d’évaluation formelle systématique (j’évalue souvent en continue à partir d’observables et de critères de réussite définis avec les élèves), – trace écrite construite par les éléves dans les matières humanistes (donc, de longueur variable), – pas de devoirs écrits à la maison (les parents ajoutent des devoirs écrits à leurs enfants pensant que je ne leur en donne « pas vraiment », puisque ce sont des leçons à apprendre, des recherches à effectuer, des objets à apporter… Mes collègues, mon directeur et la CPC qui me suit me soutiennent et adhèrent à mes choix pédagogiques mais ça crée des tensions avec certaines familles… Les parents d’élèves veulent que je crée un groupe whatsapp de classe pour communiquer directement avec moi, mais je ne le souhaite pas. La communication numérique pendant le confinement a été trop intrusive. Je ne souhaite pas revivre ça. Quelle solution y a-t-il? Un parent s’est proposé de venir prendre en photo mon tableau de devoirs tous les lundis, pour diffuser les devoirs sur un groupe WhatsApp créé par 6 ou 7 familles. Quelle limite imposer ?
Me Florence Lec : Les parents n’ont pas la capacité de remettre en cause votre pédagogie d’autant qu’elle est soutenue par votre directeur et la CPC. Vous n’êtes pas non plus tenue de créer un groupe WhatsApp comme cela vous est réclamé afin de communiquer directement avec vous. Vous avez parfaitement raison de vouloir maîtriser cette communication numérique qui ne peut pas envahir la vie quotidienne des enseignants. Le conseil de classe et une réunion élargie à d’autres parents et en relation étroite avec votre chef d’établissement devraient permettre de rechercher la meilleure solution, notamment concernant la communication numérique qui vous est réclamée.
Jean-Louis Linder : La gestion de ce problème, comme il a été rappelé dans de précédentes réponses, est collective. Vous devez informer votre IEN, qui pourrait intervenir au cours d’une équipe éducative.