“ L’ASL n’est pas intervenue directement, mais nous avons des retours de notre réseau de chefs d’établissement sur les difficultés qu’ils rencontrent. ”
Jacques Guillaumat : À ce jour, dans la délégation du Rhône, nous n’avons eu connaissance que de situations impliquant des personnels d’éducation, et non des élèves. L’ASL n’est pas intervenue directement, mais nous avons des retours de notre réseau de chefs d’établissement sur les difficultés qu’ils rencontrent. Il s’agit essentiellement de situations portant, par exemple, sur l’utilisation des lieux d’intimité, l’adaptation des barèmes en EPS au baccalauréat ou encore sur la meilleure façon d’accueillir un ou une élève transgenre en internat. L’ASL est à même d’accompagner les personnels sur tous ces sujets.
“ En cas de mise en cause, les personnels peuvent s’appuyer sur leur déontologie pour justifier leurs décisions et leurs actions. ”
Stephen Duval : La mission première de l’école est de garantir l’égalité et la sécurité de tous les élèves. Il ne s’agit pas de créer une hiérarchie des protections, mais d’assurer un traitement impartial. Accorder une priorité excessive à une catégorie d’élèves au détriment des autres pourrait constituer une rupture du principe d’égalité. L’école répond au principe général d’inclusion scolaire, « qui concerne tous les enfants sans aucune distinction ». Le sujet, finalement, c’est la lutte contre les discriminations, et plus spécifiquement les discriminations sexuelles dans lesquelles s’inscrit le questionnement transgenre. Cela s’inscrit dans une mission globale de lutte contre les discriminations.
En cas de mise en cause, les personnels peuvent s’appuyer sur leur déontologie pour justifier leurs décisions et leurs actions. Un enseignant mis en cause pour une discrimination ou un manquement déontologique serait pris en charge par les mêmes moyens que celui mis en cause pour une autre raison. Il pourrait demander la protection fonctionnelle, et, le cas échéant, l’accompagnement par un avocat.
Dans tous les cas, il est essentiel qu’un enseignant ne reste pas seul, car la gestion de cette thématique est pluridisciplinaire, elle mobilise toute l’équipe enseignante et administrative. Par exemple, dans le cas d’un élève qui demanderait un changement de prénom à son professeur principal, l’enseignant n’a pas à donner de réponse immédiate. Il demandera à l’élève que ses parents contactent la direction, et lui-même devra échanger avec les personnels de direction pour savoir comment répondre à la demande.
Les textes de la circulaire Blanquer s’adressent finalement plus aux personnels administratifs et aux personnels de direction qu’aux personnels d’éducation, qu’il s’agisse de gérer l’état civil ou les lieux d’intimité. Une fois encore, ce sont les normes générales de non-discrimination qui s’adressent aux personnels enseignants.
Et s’ils peuvent être confrontés aux conflits entre élèves, nous recommandons le dialogue et la recherche de consensus, notamment pour l’usage des lieux d’intimité. Si le conflit ne s’apaise pas, le règlement intérieur peut être une ressource utile. Ce dernier est opposable à toute la communauté scolaire, personnels, élèves et parents d’élèves. Actuellement, de ce que nous avons pu constater, il ne comporte pas de disposition spécifique aux élèves transgenres. Il n’est pas inutile de mener une réflexion relative à son évolution en spécifiant, par exemple, les sanctions des comportements discriminatoires incluant la question transgenre ; en nommant un référent ; en établissant la réglementation des usages des lieux d’intimité internes à l’établissement. Parce qu’il est opposable à la communauté scolaire, le règlement intérieur est aussi un outil de protection pour les personnels.