Les enseignants de SVT qui abordent en cours la question de la reproduction humaine se heurtent parfois à des réactions violentes de la part de leurs élèves. Pour Annie Mamecier, inspectrice générale de l’Education nationale en Sciences de la Vie et de la Terre, ces notions sont pourtant au programme depuis 1973, suite à la libéralisation de mai 68. « Les enseignants apportent des informations scientifiques les plus neutres possibles », explique-t-elle.

Les problèmes surgissent lorsqu’il s’agit d’aborder la procréation médicalement assistée, la protection contre les maladies sexuellement transmissibles ou les méthodes anticonceptionnelles. « Les enseignants expliquent aux élèves qu’il existe des moyens de contraception et qu’ils doivent les connaître, tout comme ils doivent connaître les noms des chaînes de montagne », résume Annie Mamecier. Les enseignantssont formés à ces sujets, qui font partie des programmes officiels.

La loi Veil

En 2005, l’anniversaire de la loi Veil a donné lieu à des affrontements entre pro- et anti-avortement. Dans l’académie d’Orléans, un sujet de bac français en Première L à partir d’un article sur le bilan de la loi Veil avait suscité une réaction violente de certains élèves, qui avaient refusé de composer. Des parents avaient écrit au ministre de l’Education, l’évêque d’Orléans avait crié au scandale et le recteur d’Orléans avait été révoqué. « Nous enseignons une discipline qui pose certaines questions et suscite des réactions assez violentes, mais cet article sur la loi Veil avait pris des proportions qui nous avaient étonnées », se souvient Serge Lacassie, président de l’association des professeurs de SVT.

Quel conseil donne-t-il, alors, face à ce type de sujets qui peuvent prêter à polémique ? « Notre obligation est d’informer les élèves de l’existence de la loi dans ses deux volets (IVG/ITG), répond Serge Lacassie. Nous sommes là pour dire aux élèves que la loi existe et qu’il existe un cadre juridique extrêmement défini dans lequel elle s’applique. Nous n’avons pas à faire passer un message pour ou contre l’avortement. » « Il existe des enseignants opposés à titre personnel à l’avortement, mais qui en font part dans le cadre de leur enseignement », regrette Annie Mamecier. Comme elle, Serge Lacassie considère que l’enseignant doit rester neutre : « C’est notre rôle dans une République laïque. »