Le 13 octobre dernier, la décision a été prise par l’ex-Première ministre, Élisabeth Borne, de porter le plan Vigipirate à son niveau le plus élevé, « Urgence attentat », renforçant les obligations en matière de sécurité pour les gestionnaires d’établissements recevant du public, tels que les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE). Quels changements avez-vous dû effectuer pour renforcer la sécurité de votre établissement ?

« La sécurisation dans les crèches est constante, et dans la nôtre, elle est au cœur des préoccupations depuis longtemps. »

Nous n’avons pas attendu les recommandations d’octobre dernier. La sécurisation dans les crèches est constante, et dans la nôtre, elle est au cœur des préoccupations depuis longtemps. C’est aussi dû à sa particularité : notre crèche se situe sur trois étages. C’est un peu comme si vous aviez trois micro-crèches à surveiller. De ce fait, nous avons toujours organisé la surveillance par étage. Cette surveillance est essentiellement visuelle, chaque étage est équipé d’un écran et d’un visiophone. De plus, une personne est continuellement présente au rez-de-chaussée, assurant ainsi une surveillance physique de l’établissement.

Comment appliquez-vous les consignes Vigipirate dans votre crèche ?

« Les caméras ne remplacent pas la surveillance physique, et chacun a un rôle à jouer, en étant vigilant, en alertant si besoin. Le plan Vigipirate fait partie du plan d‘établissement et implique tout le monde ! »

Pour effectuer cette surveillance visuelle, nous avons installé l’été dernier un visiophone qui donne sur la rue et offre une vue détaillée. Cette surveillance est doublée par une caméra avec un champ de vision plus large de la rue. Dès qu’un individu s’apprête à entrer, nous le voyons, et les consignes de sécurité sont alors appliquées (vérifier l’identité des entrants, verrouiller les portes, etc.).

Le personnel de la crèche est formé aux risques d’incendie, d’intrusion et d’attentat. De plus, nous effectuons régulièrement des exercices intrusion sans prévenir les personnels, afin de pouvoir évaluer s’ils ont bien suivi les directives et recommandations, et d’observer leur gestion du stress. On suit un protocole précis.

Après chaque exercice, nous organisons des séances de débriefing pour échanger, soulever les points qui ont posé un problème, comme le temps passé sur une étape, le comportement, etc. Ces séances permettent de faire des réajustements afin d’apporter des améliorations.

Un second exercice est ensuite systématiquement organisé pour vérifier que les consignes ont bien été retenues et appliquées. Cet exercice est observé et commenté par le bataillon des marins-pompiers.

Je conseille de faire au moins trois exercices dans l’année, de façon inopinée, pour que les personnels soient rodés, évitent de paniquer et adoptent la bonne conduite face à une intrusion.

Plus on répète un exercice, plus on acquiert les bons réflexes très rapidement. Notre crèche en est déjà à son troisième dans l’année. En tant que cheffe d’établissement, ma responsabilité pénale est engagée, je ne prends pas ce sujet à la légère. Nous sommes en relation avec un référent sécurité dont l’une des nombreuses missions est de vérifier que notre niveau de sécurité est conforme.

En parallèle, nous remettons des documents écrits aux personnels et aux familles. L’information des personnels est tout aussi importante que les exercices de test et d’entraînement. Chaque personne concourt à la sécurité civile, communiquer est donc essentiel pour impliquer tout le monde. Les caméras ne remplacent pas la surveillance physique, et chacun a un rôle à jouer, en étant vigilant, en alertant si besoin. Le plan Vigipirate fait partie du plan d‘établissement et implique tout le monde !

Avez-vous déjà été confrontée à une intrusion dans votre établissement ? Si oui, pouvez-vous nous raconter l’évènement, et comment vous y avez fait face ? Si non, est-ce un risque que vous estimez élevé et qui vous préoccupe ?

« Oui, nous avons déjà été confrontés à une intrusion qui s’est heureusement bien terminée. »

Oui, nous avons déjà été confrontés à une intrusion qui s’est heureusement bien terminée. Des personnes s’étaient faufilées derrière des parents, se rendant ainsi invisibles à la caméra, et sont parvenues à entrer dans l’établissement. Comme il y a toujours une présence physique au rez-de-chaussée, à peine ces personnes étaient-elles entrées qu’elles ont été interpelées et sommées de quitter les lieux. Nous surveillons énormément. À chaque étage de la crèche se trouve un écran, et chaque agent doit surveiller l’extérieur via cet écran. Si quelqu’un semble suspect ou si une situation le nécessite, nous avons le numéro de la police municipale et de la BAC.

Les familles sont aussi vigilantes lorsqu’elles viennent récupérer leur enfant.

Le protocole de mise en sécurité est une initiative bénéfique qui rassure parents et professionnels en permettant de maîtriser les risques de la structure.