Nos podcasts
Nos chats live
L'ASL en Direct
Articles les plus partagés
Entretien avec une ergonome Sorties scolaires : comment mieux prévenir les risques ?Un rapport du Sénat décrypte la « souffrance ordinaire » des personnels de l’éducation

La « souffrance enseignante »
Le rapport de Brigitte Gonthier-Maurin déposé fin juin fait d’abord le constat d’un sentiment croissant de « travail empêché et grevé de dilemmes ». Les auteurs analysent la « solitude des enseignants ». Elle a pour conséquence d’« alourdir les responsabilités individuelles et de freiner leur coopération dans la résolution de problèmes communs ». Cette « déstabilisation structurelle et collective du métier » se traduit par une souffrance individuelle au travail.
Selon le rapport, cette situation se heurte à « un déficit de soutien extérieur », notamment par la rareté des médecins du travail de l’Education nationale. Ces derniers n’ont plus le temps de se consacrer à la prévention et à la réflexion sur l’amélioration des conditions de travail.
« Soigner le métier »
Pour remédier à cette « souffrance enseignante », les auteurs préconisent de « soigner le métier pour ne pas avoir à soigner les individus » et de « mettre en place un système effectif de prévention collective des troubles ».
Actuellement, les meilleures ressources pour affronter ces obstacles et prévenir la dégradation des conditions de travail proviennent en fait du milieu enseignant lui-même, « via les échanges informels entre collègues dont on sous-estime l’importance ».
Le rôle délicat du chef d’établissement
Dans un établissement scolaire, « lieu d’interactions complexes », les chefs d’établissement agissent comme des interfaces avec l’extérieur. Ils doivent répondre:
- aux exigences des parents d’élèves
- au contrôle de la hiérarchie
- à l’implication des collectivités territoriales
- au regard des médias.
Les auteurs soulignent qu’ils jouent un « rôle de médiateur entre des groupes numériquement beaucoup plus importants : les élèves et les enseignants ».
Des tensions plus aiguës avec la hiérarchie et entre personnels
Plusieurs indicateurs cités par le rapport traduisent l’inflation des conflits avec la hiérarchie, mais aussi entre personnels. Les statistiques annuelles de la Fédération des Autonomes de Solidarité sont notamment mises en avant.
Sur l’année 2011, la FAS a constaté une hausse sensible des signalements de harcèlement (335 dossiers traités en 2010-2011, contre 286 en 2009-2010), mais aussi un accroissement sensible des litiges entre personnels (341 dossiers traités contre 193 sur 2009-2010), notamment dans le 2nd degré. Selon son président, Roger Crucq, « cette tendance résulte de la conjonction d’un affaiblissement de l’esprit de corps parmi les enseignants et d’un durcissement du management des chefs d’établissement. Les conflits dans les collèges et lycées se rapprochent de plus en plus de ceux que l’on peut observer dans les entreprises ».