Brigitte Marin, pouvez-vous vous présenter ?

J’ai commencé ma carrière en tant qu’institutrice en maternelle avant d’enseigner en école primaire puis dans le second degré. Quelques années plus tard, j’ai été recrutée en IUFM comme professeure agrégée pour la formation des professeurs des écoles. Après avoir passé un doctorat et une habilitation à diriger des recherches, je suis devenue professeure des universités. Très investie sur la question de la réussite des élèves, j’ai axé mes recherches sur la manière de créer de nouvelles ressources pour faciliter cet objectif. C’est en 2013 que j’ai pris la direction de l’ESPÉ de Créteil, devenue en 2019 l’INSPÉ.

Pouvez-vous présenter la mission des Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation ? Quels changements constatez-vous depuis que les ESPÉ sont devenues les INSPÉ ?

C’est la nouvelle loi pour l’école de la confiance qui a donné naissance aux INSPÉ. La nouvelle dénomination « instituts nationaux », effective depuis le 1er septembre 2019, résulte de la volonté ministérielle d’harmoniser, autour de grandes directions, les différentes techniques d’apprentissage.

L’idée est de placer les savoirs fondamentaux au cœur de l’apprentissage, sans pour autant négliger les questions de transmission des connaissances.

La mission des INSPÉ consiste donc à préparer cette réforme qui doit permettre de rénover la formation des enseignants et de les faire progresser, tout au long de leur carrière, afin de faire évoluer la qualité de l’enseignement et ainsi d’améliorer la réussite des élèves. Il s’agit désormais pour les INSPÉ d’établir des cadrages qui permettront de réduire la dispersion et la disparité des contenus d’enseignement qui existent actuellement sur le territoire.

Les besoins en formation des personnels de l’éducation ont-ils changé ces dernières années ?

Le métier d’enseignant est de plus en plus exigeant, d’abord parce que le public est plus hétérogène qu’auparavant et que l’enseignant est confronté à différentes typologies d’élèves n’ayant pas les mêmes besoins au même moment.

Il est donc nécessaire, pour le corps enseignant, de mettre en place une pédagogie différenciée. Pour ce faire, l’enseignant doit être formé à la connaissance des différentes techniques d’apprentissage, mais également s’appuyer sur les apports de la recherche en éducation pour ajuster son enseignement aux besoins des élèves.

L’évolution de la société entraîne également des changements dans la pratique enseignante. Des sujets sociétaux importants comme le numérique, la laïcité, le développement durabletrouvent une place et un relai à l’école. Aussi, au-delà des savoirs disciplinaires, l’enseignant doit être capable d’y apporter des réponses, ce qui demande une certaine pédagogie pour laquelle une formation est nécessairement requise.

Les personnels d’éducation reçoivent-ils les formations suffisantes sur les questions de violences scolaires, harcèlement, etc. ?

Le tronc commun est le lieu de formation qui permet d’aborder ces questions. Les futurs enseignants ont donc à leur disposition des modules qu’ils peuvent choisir en fonction de leur cursus.

Afin de rendre ces modules les plus pertinents possibles, nous sollicitons également des spécialistes issus d’autres universités ou d’associations, ce qui permet de mutualiser les savoirs et de faire ressortir les meilleures pratiques.

Cependant, les outils et la formation à ces questions ne sont pas encore suffisants. C’est pourquoi, une fois la réforme menée à son terme, l’un des objectifs des INSPÉ consistera à mettre en place un portail national de ressources permettant le partage de toutes les ressources disponibles à l’ensemble des enseignants.

En quoi une culture juridique vous paraît-elle souhaitable, voire indispensable, pour de futurs enseignants ?

La question de la responsabilité de l’enseignant au sein de sa classe ou à l’extérieur (sorties scolaires, pratiques sportives, etc…) nécessite bien évidemment une formation juridique.  D’une manière générale, tout ce qui relève de la responsabilité civile et pénale ou du statut de fonctionnaire constitue un ensemble de règles qui doivent être portées à la connaissance des enseignants. Ces formations existent, mais elles sont encore trop peu dispensées par rapport aux besoins des futurs enseignants. C’est d’ailleurs pour répondre à cela qu’un partenariat s’est noué en janvier 2019 entre l’INSPÉ de Créteil et L’Autonome de Solidarité Laïque. Avec l’expertise et les ressources de L’ASL, il a été possible de mettre en place des modules de formation juridique. Ces formations, largement appréciées par les futurs enseignants, gagneraient à être multipliées.