Association Nationale des Médiateurs

En quoi la médiation répond-elle aux violences en milieu scolaire ?

La médiation est un processus coopératif qui prévient et facilite la résolution de conflits par l’intermédiaire d’un tiers appelé médiateur. La médiation par les pairs signifie que les jeunes qui pratiquent la médiation ont le même statut d’élèves et à peu près le même âge.

Les violences dans les établissements scolaires sont très médiatisées. Pourtant, la plupart ne sont pas constituées d’actes de délinquance graves, mais plutôt de petites violences quotidiennes et d’incivilités. La médiation par les pairs en milieu scolaire repose sur l’intervention d’élèves-médiateurs après des disputes ou des bagarres. Il s’agit de passer :

  • d’une logique de violences et de harcèlement à une logique d’écoute empathique et de négociation ;
  • d’un rapport de force à un rapport de sens en responsabilisation les élèves, sous la supervision des adultes ;
  • d’apprendre aux jeunes à gérer eux-mêmes leurs conflits de manière non violente.

La médiation participe ainsi à la construction d’une école du socle qui développe les compétences langagières, civiques et sociales, mais aussi l’autonomie et l’initiative. Elle permet de s’approprier les valeurs du vivre ensemble, de la liberté, de la justice, de la confiance en soi, en l’autre et en l’adulte.

Quelles sont les étapes d’une médiation par les pairs ?

La 1ère étape repose sur la présentation des acteurs de la médiation, de ses règles et de ses étapes. Viennent ensuite l’exposé des faits et leur reformulation sans jugement. L’exploration et la clarification du conflit sont au cœur de la 3ème phase de la médiation. Le travail d’excuse arrive dans le processus comme un levier de la reconnaissance de l’autre. La 4ème phase consiste à rechercher une solution. Dernière et 5ème étape, les deux parties sont amenées à choisir une solution qui convient à chacune.

Le travail d’excuse arrive dans
le processus comme un levier de la reconnaissance de l’autre.

Comment les personnels de l’éducation peuvent-ils s’approprier la médiation par les pairs ?

L’esprit ou la pratique de la médiation revient à articuler vie scolaire et enseignements disciplinaires, ce que fait couramment un CPE. En ce qui concerne les enseignants, il faudrait inclure, comme pour les professeurs d’EPS, l’approche psycho-pédagogique, la communication, la gestion de conflits et la médiation dans la formation initiale et continue. Ainsi, il serait possible de  favoriser le bien-être des élèves, plus disponibles aux apprentissages, et donc la réussite éducative dans une école bienveillante et bientraitante. Une des missions de la délégation ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, dont je fais partie est de promouvoir la médiation scolaire, et notamment la médiation par les pairs.

Quelles sont les missions de cette délégation ?

Dirigée par le professeur Eric Debarbieux, la délégation est composée de dix membres permanents et d’un comité scientifique. Rattachée à la Direction générale de l’enseignement scolaire, ses bureaux seront installés dans les locaux du carré Suffren, à proximité de la médiatrice de l’éducation nationale, Monique Sassier. Elle a, selon la lettre du 15 novembre 2012, 6 missions :

  • une mission d’aide au repérage de l’observation des violences en milieu scolaire, en particulier le harcèlement ;
  • une mission d’information par la réalisation de synthèses des connaissances scientifiques ;
  • une mission de conseil pour diriger l’action publique ;
  • une mission de fédération et d’impulsion des actions ;
  • une mission de suivi et de prévention des agressions subies par les personnels ;
  • une mission de formation.

Dans ce cadre elle se fixe comme axes prioritaires pour la mise en œuvre de ses missions :

  • un travail sur l’amélioration du climat scolaire ;
  • un travail sur le bien-être des personnels et le suivi des personnels victimes ;
  • une relance de la campagne harcèlement en y intégrant les thématiques du genre, du sexisme, de l’homophobie (ou plus précisément de la « LGBTphobie »), et du racisme ;
  • un travail sur la prévention d’urgence et de gestion de crise.

Ces axes principaux s’articulent avec d’autres actions : enquêtes de victimation et climat scolaire, analyse qualitative des signalements d’incidents, création d’un site web pour recenser les actions des écoles, des établissements et des partenaires (collectivités, associations). S’ajoutent à ces actions la création et le partage d’outils, des actions de la formation (initiale et continue), la coordination avec les EMS (Equipes Mobiles de Sécurité) et les APS (Assistants de Prévention et de Sécurité), le renforcement des partenariats avec les associations et les collectivités, mais aussi la promotion de la médiation scolaire dont la médiation par les pairs. Ces axes se déclineront rapidement en termes de formation.