Quel est le rôle du psychologue scolaire dans le second degré ? Quelles sont ses différentes missions ?

« Le psychologue scolaire EDO ou EDA est un conseiller technique. Il a essentiellement un rôle d’accompagnement des jeunes dans la réussite de leur parcours scolaire. »

 

Le psychologue scolaire éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle (EDO) ou éducation, développement et apprentissage (EDA) est un conseiller technique. Il a essentiellement un rôle d’accompagnement des jeunes dans la réussite de leur parcours scolaire.

Parmi les missions les plus récurrentes, on trouve l’accompagnement et l’élaboration du projet d’orientation du jeune, avec la prise en compte de sa spécificité individuelle. De cette mission découle un rôle d’information sur l’orientation. Le psychologue scolaire EDO informe les élèves, les familles, mais aussi les équipes.

Il accompagne également la prise en charge des élèves à besoins particuliers. Par exemple, il évalue la situation lorsqu’il intervient dans l’accompagnement des élèves en situation de handicap, il réalise des bilans psychométriques pour accompagner des élèves dans le diagnostic et la prise en charge qui pourrait en découler, etc. Dans les troubles spécifiques des apprentissages (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, etc.), aussi appelés troubles dys, en complément du bilan orthophoniste, il peut établir un bilan psychométrique pour corroborer ou non le diagnostic posé. Il prend aussi en charge l’accompagnement d’élèves avec des troubles psychiques et l’accueil des élèves allophones nouvellement arrivés sur le territoire.

Le psychologue scolaire EDO est aussi sollicité dans les situations d’élèves en situation de décrochage scolaire. Il s’agit pour lui de repérer les signes de décrochage, de percevoir si le problème est scolaire ou plus large.  Dans ces situations, le psychologue est souvent sollicité par les équipes. Il se positionne comme un vrai conseiller technique du chef d’établissement.

 

À l’initiative de qui intervenez-vous ? Qui peut vous solliciter ?

« Le chef d’établissement, (…) les équipes enseignantes, (…) les CPE, les autres conseillers techniques, (…) l’élève lui-même, (…) les parents (…) ou des partenaires extérieurs peuvent solliciter le psychologue scolaire. »

Le chef d’établissement peut solliciter le psychologue, soit de sa propre initiative, soit parce qu’il a été lui-même interrogé par un enseignant ou le CPE.

Le psychologue peut être sollicité directement par les équipes enseignantes, les professeurs principaux ou des enseignants qui s’interrogent sur un jeune, mais aussi par les CPE, les autres conseillers techniques comme les assistantes sociales, les infirmières, etc.

Il peut aussi intervenir à la demande de l’élève lui-même qui s’interroge sur son orientation principalement, mais aussi s’il rencontre une difficulté.

Ou à celle des parents, s’ils ont une interrogation au sujet de l’orientation de leur enfant ou souhaitent échanger sur sa situation.

Des partenaires extérieurs peuvent également solliciter le psychologue scolaire, comme par exemple les CMP (centres médico-psychologiques), la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées), etc.

 

Et comment ? Y a-t-il une démarche à suivre ?

« La démarche est variable selon les personnes. Certains psychologues mettent à disposition des jeunes et des familles un cahier de rendez-vous, d’autres sont sollicités par mail, téléphone, etc.»

Les psychologues scolaires sont rattachés à des CIO (centre d’information et d’orientation) dans lesquels ils effectuent des permanences hebdomadaires et travaillent en équipe. Ensuite, chacun se répartit les établissements du bassin d’intervention. La semaine est donc morcelée, chaque psychologue se démultiplie sur 2 à 4 établissements en plus des permanences au CIO.

Le CIO peut accueillir des jeunes qui à un moment donné sont en rupture avec l’établissement. Il devient un lieu neutre avec l’expertise des psychologues et le rattachement à l’Éducation nationale.

La démarche est variable selon les personnes. Certains psychologues mettent à disposition des jeunes et des familles un cahier de rendez-vous, d’autres sont sollicités par mail, téléphone, etc. De la même façon pour l’action, chacun met l’accent où il le souhaite : action individuelle, collective, ou prévention. Dans ma pratique je mise toujours sur le collectif, les CPE, infirmières, assistantes sociales sont toujours très impliqués dans la prévention et dans des projets divers et variés.

Le psychologue scolaire vient en soutien des équipes pédagogiques et nourrit aussi les actions transversales du chef d’établissement et des équipes techniques. C’est à la fois un rôle d’alerte, d’accompagnement et de soutien, mais aussi une inspiration pour accompagner les élèves qui ont tous des vécus différents, des compétences différentes, des savoir-être différents… On doit s’adapter, faire preuve de souplesse pour répondre à tous, faire avancer chacun et garantir l’équité. Adaptation et polyvalence sont deux qualités indispensables !

Les parents ou responsables légaux peuvent-ils refuser un examen ou un entretien qui serait réalisé par le psychologue scolaire ? 

« Lorsqu’il s’agit d’un entretien, par exemple un élève qui nous sollicite, on peut le recevoir sans l’accord des familles. »

Il convient de distinguer les deux. Pour une évaluation avec des outils, l’accord des deux représentants légaux est indispensable, car elle peut avoir des conséquences sur la scolarité de l’élève.

Lorsqu’il s’agit d’un entretien, par exemple un élève qui nous sollicite, on peut le recevoir sans l’accord des familles. Mais si on est amené à revoir le jeune pour l’accompagnement, alors il est nécessaire d’informer la famille, voire de l’associer. Si le jeune est réticent, on en discute avec lui, on lui explique que les parents ont leur place dans son accompagnement.

Quelles problématiques rencontrez-vous le plus souvent dans l’exercice de votre métier ?

« Le décrochage scolaire demeure un sujet qui nous mobilise aussi beaucoup, car c’est une question complexe pour laquelle il n’y a pas de réponse toute faite. »

Cela dépend des établissements, mais d’une façon générale, la question de l’orientation, qui est notre cœur de métier, reste le sujet récurrent.

Le décrochage scolaire demeure un sujet qui nous mobilise aussi beaucoup, car c’est une question complexe pour laquelle il n’y a pas de réponse toute faite.

Enfin, je rencontre beaucoup de situations liées au mal-être psychique. Et encore plus depuis la crise sanitaire. On constate une augmentation du mal être des jeunes et des situations d’anxiété.

Selon vous, comment détecter une fragilité́ ou une situation complexe chez un jeune ? Quels sont les signes ?

« Ces questions de fragilité sont subtiles et multifactorielles. Il faut s’attacher autant au verbal qu’au non verbal. »

Du fait que nous ne sommes pas tous les jours en contact avec les jeunes, nous sommes à l’écoute des remontées des équipes enseignantes ou de vie scolaire. Ces questions de fragilité sont subtiles et multifactorielles. Il faut s’attacher autant au verbal qu’au non verbal. Par exemple, on constate que contrairement aux idées reçues, le décrochage scolaire n’est pas forcément lié à l’absentéisme physique. On voit des élèves qui sont présents physiquement en cours, mais totalement absents psychiquement. C’est à ce genre de détails qu’on identifie une difficulté. Il faut être vigilant au verbal, au non verbal, et aussi se fier à nos intuitions. Je préfère toujours être sollicitée à tort que louper une situation qui risque de devenir critique. N’hésitez donc jamais à solliciter les psychologues scolaires !

Les signes à repérer : le changement de comportement quel qu’il soit, les mots lorsque les élèves verbalisent, les signes de fatigue, un changement d’apparence, par exemple un aspect brusquement négligé… Globalement, la notion de changement doit toujours interroger.

Il peut aussi s’agir parfois d’un élève trop renfermé, trop réservé.

Que faire face à la détresse naissante ou avérée d’un élève ? Comment donner l’alerte et auprès de qui ? En parallèle, vers qui orienter l’enfant ?

« Le CPE, les professeurs, les surveillants doivent alerter les conseillers techniques. (…) S’il y a une difficulté, le psychologue va travailler avec les représentant légaux et accompagner le jeune vers une prise en charge adaptée (…). »

Cela dépend de la situation.

Le CPE, les professeurs, les surveillants doivent alerter les conseillers techniques. Le psychologue va intervenir pour évaluer la situation, il n’a pas vocation à jouer un rôle thérapeutique.

S’il y a une difficulté, il va travailler avec les représentants légaux et accompagner le jeune vers une prise en charge adaptée (informer et conseiller des organismes).

Si cela ne relève pas de sa compétence, par exemple dans les cas de violences intrafamiliales, il va transférer la situation à l’assistance sociale. S’il reçoit une parole et perçoit une mise en danger de l’élève, il va informer le chef d’établissement et l’assistante sociale, et rédiger un écrit à remettre à l’assistante sociale qui procèdera à l’information préoccupante ou au signalement si nécessaire.

Êtes-vous tenue au secret professionnel ?

« Le secret professionnel est de mise, avec l’obligation de discrétion, dans les limites du code pénal, bien entendu. »

Les psychologues scolaires sont soumis à un code de déontologie. Le secret professionnel est de mise, avec l’obligation de discrétion, dans les limites du code pénal, bien entendu. Le jeune doit pouvoir s’exprimer sans crainte, en toute liberté.

Selon vous, comment libérer la paroles des élèves ?

« Il faut avant tout un cadre sécurisant, bienveillant, une « alliance de travail ». (…) Mais, en amont, c’est important que tous les acteurs puissent valoriser les compétences des psychologues et celles des assistantes sociales, des infirmières scolaires »

Le secret professionnel met les élèves en confiance, il garantit une écoute qui respectera leur intimité.

Il faut avant tout un cadre sécurisant, bienveillant, une « alliance de travail ». Le psychologue pose les choses avec le jeune dès le début.

Mais, en amont, c’est important que tous les acteurs puissent valoriser les compétences des psychologues et celles des assistantes sociales, des infirmières scolaires, expliquer comment ils travaillent afin de rassurer le jeune pour qui venir évoquer des choses difficiles est anxiogène. S’il sait comment ça va se passer, ça libère la parole et permet au psychologue de mieux le prendre en charge et l’accompagner.

Aujourd’hui encore, la santé mentale est connotée négativement, ce qui peut freiner certaines familles. On doit expliquer aux parents notre spécificité de psychologue qui permet d’avoir une connaissance de l’individu et de son fonctionnement pour mieux l’accompagner. Le travail d’information se fait régulièrement dans les établissements. Personnellement, je présentais mes missions en début d’année aux parents, mais il est aussi possible de leur passer un coup de fil pour se présenter et expliquer ce qu’on fait.

Quels conseils donneriez-vous à un personnel d’éducation qui soupçonne un problème ou perçoit un changement de comportement chez un élève ?

« Pour évaluer sereinement une situation, on doit avoir la capacité de prendre de la distance par rapport au jeune. En sollicitant des partenaires qui ne sont pas en contact avec lui au quotidien, on bénéficie d’un regard objectif sur une situation donnée. »

Le premier conseil : ne pas rester seul avec le questionnement et immédiatement prendre attache auprès des conseillers techniques et du chef d’établissement. Il faut en référer aux personnes à même d’accompagner le jeune et d’évaluer la situation. Parce que pour évaluer sereinement une situation, on doit avoir la capacité de prendre de la distance par rapport au jeune. En sollicitant des partenaires qui ne sont pas en contact avec lui au quotidien, on bénéficie d’un regard objectif sur une situation donnée.